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Channel: ABORDAGES, le cinéma scandaleusement pris par la quille
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Cujo

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Il ne s'agira pas ici de leurrer quiconque: en 1983 nous sommes déjà bien avancé dans la cinématographique Amérique des paper boys, des téléphones muraux (aux fils interminables !) accrochés dans les cuisines de famille en crise (monoparentale ou à deux doigts de l'être), et où le surnaturel (voire la franche horreur) est l'expression spectaculaire du malaise ambiant. L'Amérique de Steven Spielberg (ce Cujo a bigrement à voir avec Duel (autant qu'avec les Birds d'Hitchcock d'ailleurs) !) et de Stephen King *.
Mieux pour ce dernier, 1983 est tout bonnement the year: pas moins de quatre adaptations (Dead Zone, Children of the Corn, Christine et Cujo), et pas toujours par des manches (Cronenberg et Carpenter en tête) au lendemain de son hommageuse aventure creepshowique (avec le gars Romero) et à l'avant-veille de sa flambée mégalo-ludique (Maximum Overdrive de dispensable mémoire).

Donc Cujo.
Un gros chienchien enragé de plus (voir ici) ?
Un peu mieux que ça, à dire vrai, malgré les sales (et trop retro-unanimes pour être séduisantes) réputations à poil dur (la presse d'époque apprécia pourtant en son temps, de L'Ecran à La Revue du Cinema !) mitant le pelage de la production.
Car si on avait tôt fait de prendre le roman originel pour mineur, ce qu'il n'est d'ailleurs que peu, précis et subtil se montre-t-il dans les rapports déliquescents (et tragiquement pervers) qu'il installe entre les personnages, on a aussi tôt fait, par stupide écho, de prendre le film pour une sage, tiède et molle adaptation de même (à ce jour Lewis Teague, à qui l'on doit le savoureux et proprement Incroyable Alligator ! (et qu'on prit un temps pour le nouveau Joe Dante mais faut pas déconner quand même!), est un des plus efficaces adaptateurs de l'œuvre du bigleux du Maine) à opportuniste et aussi molle ambition.
Mouvements d'appareils et stupéfiant sens du timing (l'impression de durée du huis clos de la seconde partie, pourtant casse-gueule, est fort bien rendue) sont par exemple à porter au crédit d'une réalisation volontiers angoissante (sensation un peu fusillée par un casting inégal (Daniel Hugh-Kelly est presque trop fade, en regard de la furia Dee Wallace et du toujours bonnard Ed Lauter) et une VF affligeante) et s'accommodant au mieux des coupes faites dans le texte dont elle s'inspire (les enjeux maritaux et la crise du couple sont certes un peu réduits à la partie congrue, menant le film vers une voie plus croquemitano-moralisatrice que ne sont les pages de King !).
Au point d'occasionner un parfait petit moment de cinoche nail-bitteux (un rien trop pro-family peut-être ?) qu'on pourrait, à tort, ignorer, brillant en outre par sa parfaite absence d'ironie et sa nette volonté à vouloir, avec patience, installer empathiquement des caractères (ambition éloignée des slashers (façon Friday the 13th) qui envahissaient alors les écrans) avant de les placer « en situation ».
Un spécimen on ne peut plus 83 en somme (mais facilement réduit à un statut d'unknown pleasure), dans le cinéma de genre « grand public de plus de 13 ans » (point d'effets gore ni même vraiment sanglants à l'horizon et pourtant le trouillomètre tourne à plein !).
Moi, vous commencez à me connaître, je vous le dis tout de go: à (re)découvrir, les enfants !


Cujo, 1983/USA - Lewis Teague
Sortie salles françaises: 10 août 1983.


Les Cicatrices de Dracula

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Chacun - ou presque - sait que Christopher Lee était, de longue date, passablement lassé - voire pire - des incarnations successives du comte vampire qu'il se voyait condamné à camper et camper à nouveau, chaque opus s'éloignant un peu plus de la qualité de la version originelle.
On ne saurait lui jeter la pierre devant tant d'esprit critique mais il ne s'agirait pas, non plus, de n'envisager les choses que sous l'angle exclusif du maître des lieux. 
Car si le leading role, répétitif et victime d'un réel appauvrissement (y compris au niveau du charisme) mais aussi les contextes et environnements (les fameux villageois, énigmatiques, taiseux mais hystériques à leurs flambantes heures), eux aussi redondants, n'offrent guère de quoi s'esbaudir, les tonalités de certains opus et autres séquelles au Cauchemar originel garantissent néanmoins un certain sel.
Ce cinquième épisode hammerien (Les Maîtresses de Dracula (Fisher, 60) et Le Baiser du Vampire (Sharp, 63) ne concernant en réalité pas le Comte !) brille ainsi de par son assaisonnement.

Roy Ward Baker, signataire de la présente affaire, est alors, il faut le dire, en pleine (et hammerienne !) bourre.
Il livre la même année The Vampire Lovers (ah, Ingrid Pitt !) - celle d'avant le très fréquentable Dr Jeckyll & Sister Hyde (ah, Martine Beswick !) avec son compère Avengerien Brian Clemens, celle d'après Asylum (ah, Britt Ekland !).
L'auteur de Quatermass and the Pit, sûr de ses moyens, apporte avec une morgue (voire une complaisance certaine) une férocité indéniable à son sujet, articulant des séquences choc (le massacre des femmes réfugiées dans l'église, sacré morceau de mauvais esprit, aussi vachard que grisant) à des effets à la désuétude consciemment ironique (le hennissement de cheval au lointain lors de répliques et sentences définitives des personnages débattant à l'auberge (Mel Brooks reprendra, en l'intensifiant jusqu'à l'absurde, l'effet dans Frankenstein Jr).
La sexualité y est plus frontale également. Sans excès de nudité (une paire de fesses, tout au plus, dans une séquence de boulevard bennyhillesque*), le film éloigne cependant le mythe de son romantisme noir et gothique, pour l'inscrire dans quelque chose de plus paillard, de moins équivoque, de plus affranchi, ... de plus moderne peut-être (nous sommes dans les 70's naissantes, et Woodstock autant que Polanski sont passés par là !**).

Jusque dans ses clichés (plastique, cadres) et ses défauts (les effets de chauve-souris sont particulièrement ridicules), le film est enfin foncièrement touchant, comme tout Hammer qui se respecte.


* où, comme fait exprès, on retrouve Bob Todd !

** Le Bal des Vampires s'était toutefois 
fortement inspiré du Baiser du Vampire !


 Scars of Dracula (UK/1970), de Roy Ward Baker



Big Easy - Le Flic de mon coeur

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On aura mis longtemps à retenir Dennis Quaid.
Malgré Les Dents de la Mer 3, L’Étoffe des Héros, Dreamscape et, plus encore pourtant, Enemy Mine, rien n'est facile et il faut arriver à The Big Easy, néo polar comme les 80's nous en ont livré pléthore, pour enfin asseoir le garçon dans le paysage hollywoodien. Et nos mémoires.
La concurrence est certes rude au mitan de la décennie (Kurt Russell, Jeff Bridges, ...) et la reconnaissance est moins prompte à venir que pour un Mickey Rourke (L'année du Dragon, Angel Heart). Ou bien Quaid ne rencontre-t-il pas les réalisateurs du moment (contrairement à William Petersen qui, coup sur coup, buzze avec Michael Mann (Manhunter) et William Friedkin (To Live and Die in LA)) ?
Cette modeste reconnaissance frise en outre la tare familiale. Son aîné, Randy, plus bouffon et parfois hilarant, peine aussi à marquer les esprits, malgré de convaincantes et réitérées prestations, chez Bogdanovich ou Hal Hashby. Même lorsque les frangins se retrouvent ensemble à l'affiche (Le Gang des Frères James de Walter Hill), c'est la fratrie Carradine (Keith, Robert et David) qui l'emporte !
La paresse du spectateur ne peut cependant pas être écartée dans cette lente révélation, qui loue ce qu'on lui dit de louer (et quand on lui dit de le louer). Ce n'est d'ailleurs qu'en retardataire de bien mauvaise foi qu'il identifiera, quelques couples of months plus tard, comme un choix évident le petit Dennis Dennis pour camper le lieutenant miniaturisé Tuck Pendleton (L'Aventure Intérieure, Joe Dante) ou le pianiste pyromane Jerry Lee Lewis (Great Balls of Fire, Jim Mc Bride again) - les plus starfixement aiguisés saluant également sa noire performance d'empoisonné sursitaire dans le remake (inégal) du Mort à l'arrivée de Siodmak.
Mais enfin, ça y est : le McBride sorti, Dennis prend enfin la lumière pour lui seul (il faudra un peu plus de temps encore à sa partenaire, Ellen Barkin, pour qui lui en arrive autant (Sea of Love, en 91 avec Pacino)).
Et si ce ne sont pas les récompenses qui l'étouffent (un prix d'interprétation au Festival de Valladolid et un autre au Film Independent's Spirit Festival de Santa Monica)) l'évidence que le film repose intégralement sur ses épaules est en revanche manifeste.
D'ailleurs McBride, cinéaste-comète goûtant le cinema-vérité (et qui demeura le seul director à avoir signer un remake godardien (Breathless, le dernier bon film de Richard Gere ?)), ne veut du film qu'avec l'acteur à l'affiche... et si l'on déplace l'intrigue, signée Petrie Jr (Le Flic de Beverly Hills), de Chicago à La Nouvelle Orléans.
A la hauteur du pont d'or, Quaid s'investit, façon actor studio (c'est bien le moins), dans son rôle. Va chercher un improbable accent irlando-acadien de circonstance (il lui en faut un solide pour passer pour un égal amateur de gumbo et d'irish stew !) mais aussi un autre équilibre, entre cabotinage (son personnage est un petit malin, un smart ass dans la langue de Dashiell Hammett) et authenticité (tant générationnelle que dans sa capacité de remise en cause). Il s'implique comme il ne l'a sans doute encore jamais fait.
Un même équilibre est approché par la réalisation de McBride, qui s'imprègne de l'énergie de la Louisiane sans jamais verser dans le folklorique non plus (Parker n'aura pas la même retenue avec son Angel Heart). L'authenticité traquée par le réalisateur se retrouve jusque dans les séquences de sexe, torrides et plutôt gonflées (bandantes ?), portées par une fièvre palpable et partagée par Barkin et Quaid (Lynne n'aura pas la même maîtrise avec son Neuf Semaines et demi).
La densité générale y est telle que le film pourrait se voir aujourd'hui, malgré le convenu de son intrigue et une absence délibérée de climax et autres temps véritablement forts, comme un sérieux chaînon manquant entre La Moisson Rouge et le Coplandde James Mangold. Soit une petite mélodie de ripoux qui tourne au couac.
Mais de couac, contrairement à son personnage de Remy McSwain, Dennis ne s'en rendra jamais vraiment responsable, au cours de sa carrière... sans que cela puisse cependant suffire. Quelques films, d'intérêt variable, le mettront même encore en bonne vue les années qui suivront (Wyatt Earp, Coeur de Dragon, L'Enfer du Dimanche, Traffic, Le Jour d'Après,…)... sans qu'aucun d'entre eux ne parvienne toutefois à infirmer que « sa bonne passe » ne fut « que les eighties » (William Petersen ne s'en sortira pas mieux, télévisuellement réduit de nos jours à peau de Grissom dans Les Experts) ...
Alors oui, on aura mis longtemps à retenir Dennis Quaid. Mais moins à le laisser s'évaporer. Car, même si c'est lui qui aurait trouvé le titre du film, l'acteur dut vite concevoir que rien, jamais, à Hollywood, ne relève véritablement du Big Easy.

The Big Easy (USA/1986), de Jim McBride
Sortie française: 24 juin 1987

Film disponible en DVD

A Cause d'un Assassinat

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Même si les précédents sont au-delà de l'honorable et confinent même à l'indiscutable sensationnel (Un Crime dans la Tête(62) et Sept Jours en Mai (64) de John Frankenheimer*), c'est au nom d'Alan J. Pakula** qu'on associe traditionnellement le thriller politique conspirationniste et paranoïaque, sur la seule (et légitime) foi de deux films: Les Hommes du Président (et son Watergate décortiqué) et le préalable et présent Parallax View (évocation Kennedy caseà haute influence sur le I... Comme Icare, non ?).

Parallax View qui contient ainsi tous les ingrédients du genre qu'il popularise (plus qu'il n'initie donc): opaque politique, manœuvres scientifiques (ici un lavage de cerveau par projection aussi impactant que les expériences de Milgram dans le Verneuil), théorie du complot aussi tentaculaire qu'omnipotent et, par définition, héros seul contre tous.

Évidemment plus qu'un simple genre (ou qu'un étroit opportunisme commercial permettant à Robert Evans de s'en mettre plein les fouilles) il est un angoissant écho à la crise de confiance qui règne aux USA de l'après-Watergate, qui isole chaque individu dans une incommunicabilité aux conséquences souvent dramatiques.

Le film de Pakula use ici, pour parvenir à ses fins, de procédés aujourd'hui familiers au moindre spectateur tel la prime patine documentaire hautement immersive (de l'ouverture surtout, ou du quotidien assez morose de l'enquête***) ou le "coup d'avance" donné au spectateur (dés le début on a identifié le "vrai""coupable") et se laisse aller, toujours dans un même souci de complicité avec le public, à quelques séquences "de genre" assez inutiles (les bagarres de saloon et poursuites à ralenti dans le bled du shérif Wicker).
Il est en revanche plus téméraire avec l'usage régulier d'ellipses compliquant ce qu'il faut la compréhension (doublé d'une approche assez froidement Antonionesque de son intrigue) ou la relative patience théorique de l'investigation (Mich' again !) - le tout entraînera d'ailleurs aux yeux de certains une impression intimidante de "c'est bien compliqué pour moi ces histoires de complot, c'est pas moi qui me retrouverait embringué là-dedans" que contrebalance un curieuse et dédramatisante sensation de "ah, ce n'est que ça ?" (il faut avouer que la scène de bravoure finale se montre bien plus désincarnée (désenchantée ?) que véritablement spectaculaire).

NB1: l'avis plus enthousiaste d'Ed(isdead), ici.


* du temps de sa superbe (62-75).

** au risque de négliger les belles contributions de John Schlesinger (Marathon Man)
ou de Sidney Pollack (Les Trois Jours du Condor)
et de ne pas remarquer qu'un certain casting était marqué alors
par le genre (Dustin et Robert, de tous les coups ou presque !)...
et les équivalents francaouis de Costa-Gavras ou Henri Verneuil.


*** brillamment soutenu par la sombre photo de Gordon Willis
(le fameux Prince des Ténèbres du Nouvel Hollywood !)
et la pâle (entendez minimale et introvertie) composition de Warren Beatty,
toutes deux réalistes et discrètement intenses.




The Parallax View (1974/USA); d'Alan J. Pakula
Sortie salles françaises: 16 avril 1975


Electric Dreams

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Cyrano meets 2001. Rien moins que ça.
Pour son prime long métrage (à la veille des « brillants » efforts de Tortues Ninja et de Coneheads (pas vu ce dernier, mais un tout petit espoir cependant, la faute au chéri Dan Aykroyd !)), et bien que demeuré définitivement plus célèbre pour avoir filmé les dalles luminescentes sous les immaculées socquettes de Maïkhol ou le bandeau éponge de Mark Knopfler lors du first méga-hit de la génération aimetivi, Steve Barron, flanqué du bleusaille Richard Branson au tiroir-caisse*, ne faisait pas, en 84, dans la dentelle thématique. Ni formelle à vrai dire (que voilà un film qu'il est hideux, comme dirait un comique motardement décédé et qui ne faisait pas dans les discours des grands soirs).

A cette époque, le compioute-movie s'est déjà montré bankable (le fort fréquentable WarGames de Badham) et la fièvre de l'informatique familiale a progressé comme grippe H1N1 en JT de TF1. Barron surfe donc sur une fantasmatique partagée par le plus grand nombre (un ordinateur/ami, la domotique en un clic (sauf que: pas d'souris, c'est pas un Apple !), un écran tactile et c'est parti pour le bonheur high-tech), grand nombre ne devant se contenter que de minitel (cette petite chose qui devrait dévoiler le visage de notre nouveau président de la République quelques années plus tard !) et de floppy disks 5''1/4 pour leur Commodore 64 (ah ! causez moi The Way of Exploding Fist, Space Harrier ou Green Beret que j'me réabonne à Tilt Magazine !)...

A cette époque, perdurent encore les paranoïas technoïdes (voire cybernétiques), alimentées par Michael Crichton
et donc John Badham (mais aussi Kubrick, re-donc, le plus confidentiel Donald Cammel (Génération Proteus) ou encore l'étonnament égaré là Stanley « Singing in the Rain» Donen, avec Saturn 3) et le bain est à l'informatique démiurgique tendance pouvoir incontrôlable (voir Superman III !).

C'est donc emprunt de tous ces contextes et ambiances, de toute cette époque joystickesque qu'avance
Electric Dreams, petite chose pas trop ramenarde même si vilainement (très vilainement !) mise en images, et jouant sur le mode de la fausse naïveté l'air de la comédie romantique éculée.
Car entre ses minutes aussi truffées d'allusions sexuelles qu'un Hitchcock pleine gaule (Edgar « l'ordinateur vivant » naît d'une éjaculation de champagne, rien de moins !), ses moments de vraies interrogations sur les attentes et les capacités souhaitées d'une machine « au service » du foyer (juste émises, hein, pas vraiment poussées !), et ses visions plus ou moins prémonitoires (cellphone, réseau, etc.), le titre de Barron ne s'avère pas aussi concon et inoffensif (encore qu'il ne soit jamais vraiment plus inquiétant que ça, ça reste familial !) qu'une vision distraite (ou au contraire le nez trop collé à l'écran !) le laisse supposer (impression malheureusement soutenue par une BO Morodero-CultureClubesque vieillissant fort mal et un casting un peu faiblard**).
De là, maintenant, à tenir un chef-d'oeuvre, nous ne déconnerons pas non plus***



* tiroir dans lequel il se prit douloureusement les doigts,
le film ayant connu un certain échec.

** fort pourtant de deux acteurs lynchiens,
Madsen ayant joué dans Dune
et Lenny von Dohlen dans Twin Peaks (série et film) !

*** ce que vous confirmera le toujours passionnant
et indéfectiblement hyperbatien JN Lafargue, ici.`


Electric Dreams (USA/1984), de Steve Barron
Sortie française: 17 avril 1985

 

Danse Macabre

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Tandis qu'outre-atlantique Corman adapte à tours de bras les Histoires de Poe, l'italien Margheriti (artisan de premier ordre se mettant dans les brillants et gothiques pas des Mario Bava et autres Ricardo Freda) aidé par Corbucci (l'un des futurs trois "Sergio" du Western Spaghetti *) au scenario, prend le parti décomplexé de mettre littéralement en scène l'écrivain lui-même **, comme Meyer le fera avec H.G. Wells (dans C’était Demain).

L'autre complexe dont se déleste tôt la production lui fait orchestrer  son comptant de saphisme (la chose est encore rare en 63) au sein d'une ghost story somme toute assez entendue. Si l'érotisme y est diffus (quoique bien présent !), la nudité chiche et le tout bien enrobé d'un romantisme désuet (les pâmoisons de George Rivière pourront faire sourire), la lesbienne audace est bien réelle et ne saurait être négligée.

On pourra cependant, en dépit de son casting féminin très habité, ne pas se trouver bien immergé dans le film (se mettre dans le sillage du héros est bien difficile tant il est fade et théâtral) et n'y pas trouver plus de charme qu'une virée dans le Phantom Manor de Disneyland (le parti-pris d'un impuissant lead role exclusivement spectateur complique diablement l'implication)... car plus qu'autre chose cette Danse Macabre n'est essentiellemnt, force est de le reconnaître, qu'atmosphérique.


* avec Leone bien sûr et Sollima !

** il apparaît plus exactement au début du film 
(où il narre sa Bérénice dans une taverne) 
et à la fin (où il considère avoir matière 
avec ce qui vient de se passer durant 90 minutes 
à une nouvelle Histoire Extraordinaire)

Danza Macabra (Italie/1964), d'Antonio Margeriti.
Sortie française: 14 avril 1965


Le Tour du Monde en 80 Jours

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Baby Doll, L'Ultime Razzia, High Society, L'Homme Qui en Savait Trop... La Prisonnière du Désert !! Tous sont sortis en 56. Et c'est pourtant Le Tour du Monde en 80 Jours qu'on sacre (devant Géant et Les 10 Commandements) meilleur film aux Oscar de mars 57...
Ce Tour du Monde où ne surnage pas le moindre pet de cinéma, déserté par le rythme (incessantes et suspectes ellipses fusillent la continuité), où la fadeur règne (Niven transparent, MacLaine (sortant chez l'Harrysien Hitch) inexistante).
Produite par le mégalo-ramenard Michael Todd (un self-made-man de la pire espèce comme seul les USA savent en produire), ayant mis au point le procédé (guère plus modeste) du Todd-AO (un Cinérama à un seul objectif extra-large en 70mm), l'affaire est bien plus une production guidée exclusivement par la technique (le titre abuse de plans larges pour justifier le gadget, multiplie les caméras embarquées et les points de vue subjectifs en mouvement au point qu'on se croirait davantage à une séquence de ciné dynamique au Futuroscope plus que devant une œuvre de cinéma) qu'autre chose et ne retient du texte originel (un sommet de littérature d'aventures) que la lettre pour négliger détestablement et l'esprit et le ton (tout au plus propose-t-il l'objet hybride que constituerait un cartoon* colonialiste et une séance de Connaissance du Monde).

Plutôt que de s'astreindre à un découpage efficace (le film empochera pourtant une autre statuette pour le montage ?!), la production s'enorgueillit d'avoir inventé le principe du « caméo » (des stars pour un bref passage à l'écran), faisant défiler Dietrich, Sinatra ou Lorre pour des clins d'œil stériles mais tout aussi démonstratifs que la majorité des plans de cette superproduction sans âme ni fibre ni tripes ni rien. Si l'on pourra suspendre les grincements de dents à l'occasion de quelques beaux plans maritimes mais surtout pour la présence intéressante (la seule idée valable au cours des 170 minutes !) du mexicain Cantinflas en un Passepartout Chaplinesque, tendance latinolibidineuse, on ne peut que bondir et rebondir encore au succès et au plébiscite critique (car 5 Oscar en tout !) que put avoir cet objet clinquant, tape-à-l'œil (chaque dollar est étalé sur l'écran) et au spectaculaire authentiquement artificiel.
Une effarante déception.


* à propos de cartoon, préférez,
et de loin, la série animée nippo-espagnole
que Claudio Biern Boyd créa
pour la BRB Internacional en 1981 !


Around the World in Eighty Days (USA/1956), de Michael Anderson
Sortie salles françaises: 15 mai 1957


Un Après-Midi de Chien

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Pas aussi centrée sur l’éveil de la surmédiatisation - pré-CNN - des faits divers qu’on le dit volontiers (cet aspect de la chronique est beaucoup plus diffus et latent), ce second volet de la trilogie - so realistic ! - NYPD (après Serpico et avant Prince of the City) du gars Lumet n’en demeure pas moins très proche de son sujet, doux-amer: le casse foireux (et de la prise d’otages qui s’en suit) mais soudain emblématique, mené par deux types perdus, pris dans une machine trop grosse pour eux. 
Chaleureuse et très immersive, la réalisation colle aux basques d’un Pacino malfrat d’un jour, fragile et humain, autant qu’à celles d’un Charles Durning dangereusement roublard dans ses frusques de flic rompu à toutes les méthodes que lui a appris Brooklyn.

Syndrome de Stockholm généralisé, Sonny devient sans le vouloir (comme Kowalski, le chauffard de Vanishing Point (Sarafian 1971)) le symbole de l’Amérique des laissés pour compte, des marginaux, homos (ce chapitre est un peu loupé toutefois) ou immigrés peu considérés. 
On adhère, romantiques, assez facilement à la (re-)quête que devient alors le délit, tout en n’imaginant pas une seule seconde que la machine ne broie et nos robinhoudes et nos espoirs d’un monde plus équitable (les fous !).

A noter les premiers pas d’un Lance Henriksen (futur Bishop d’Aliens) affichant déjà son masque impénétrable ainsi que ceux, permanentés, de Chris Sarandon (le magnétique mordeur de Vampire vous Avez Dit Vampire ?), très en phase avec le réalisme Pacinesque.


Dog Day Afternoon (USA/1975), de Sidney Lumet.
Sortie salles françaises: 4 février 1976



Terminator

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Comment naît un gimmick ?


La première impression suggérerait le fruit d'une intense répétition.
Or, Sarah Connor ?, cette fameuse et laconique question du T-800 (à laquelle chacune serait bien inspirée de répondre par la négative !), ne sera qu'une unique fois posée tout au long de Terminator (pas plus ni moins que cette promesse rédhibitoire d'I'll be Back !).

Moins weirdo que le Hey You Guys de Cinoque dans Les Goonies, ce Sarah Connor ? symbolise à lui seul, et de manière foutument durable, le film tout entier (par ailleurs initiateur, à la manière des slashers US 80's*, d'un dernier grand mythe purement cinématographique avec l'ultérieur (et tout aussi indus') Robocop**).

Mais au-delà de la mythique punchline que reste-t-il de la production, culte éventuellement, fondatrice s'il en est ?
Guère de rides à vrai dire, ni dans la plastique (si on néglige les sapes et brushings de ces demoiselles !) ni dans les skyneteux enjeux (même s'ils étaient pompés d'un film de SF de 1966 (Cyborg 2087 de Franklin Adreon) de ce Retour vers le Futur cyber pas fun pour un sou .
Tout au plus certains effets spéciaux ont pris une bouteille certaine, tels ces vins qui vieillissent mal (les maquettes du futur frisent l'edwoodien !). Mais c'est bien peu de choses.

La plupart des scènes "d'envergure" demeurent en revanche d'une confondante efficacité (le Tech Noir, l'assaut du Commissariat, l'auto-surgery de Schwarzie, ...) - exception faite peut-être du « duel final », curieusement affaibli (et de quelques conventions gunfighteuses partagées entre le contrat de satisfaction à remplir auprès du spectateur (soit en flinguer un max !) et la narration à ne point trop contrarier (si le T-800 réussit son coup (c’est à dire « sait correctement viser avec son laser rouge, putain ! ») dans le premier quart d’heure, où va le film ?).

Tendant un pont avec la SF techno-parano qui vit quelques sommets avec2001 (et sa descendance de machines autonomistes) ou, plus largement, les flippes asimoviennes (père des Robots) et les angoisses crichtoniques, Terminator constitue indéniablement un premier acte (grand public) du questionnement cyberpunk (William Gibson a pondu son Neuromancien quelques dizaines de mois plus tôt) et une des plus marquantes incarnations de cyborg à l’écran (aussi impactante presque qu’un Frankenstein 2.0, la poésie en moins), épuisé ici jusqu’à l’os (qu’il a de métal évidemment, exo-squeletté qu’il est des pieds à la tête) en un extrême (et interminable !) strip-tease fatal).

Initialement bimouvi-esque (dans sa production et son tournage frisant parfois l’amateurisme franc-tireur, Cameron sortant, lui aussi !, de la cuisse de Roger Corman***), la chose prendra un tour vite blockbusteraliste, ambiance Reagan oblige (ammo et pectoraux à gogo !), et la licence tournera vite à fond (on notera toutefois le féminisme larvé de l’entreprise (à l’inverse du moindre Stallone contemporain), certes post-Alien et finalement peu exploité, qui offre un sursaut de personnalité à une saga assez vite dépossédée de ses particularismes « indépendants »).

Mais en avril 1985, le choc visuel était là, sans équivoque. Et ma girlfriend d’alors dut se blottir une ou deux foi au creux de mon épaule pour échapper aux images les plus terrifiantes de cette traque anxiogène (et aux résonances apocalytptico-technologiques ahurissantes).
Elle ne s’appelait pourtant pas Sarah Connor.



* dont le film emprunte pas mal graphiquement
dans sa première moitié suburbienne.

** qui, lui, jouit autant d'une tagline d'affiche (Part Man, Part Machine, All Cop)
que d'un dialogue hautement symbolique
(Serve the Public Trust, Protect the Innocent, Uphold the Law).

*** pour qui il signera un Piranha II, Les Tueurs Volants.




Terminator (USA/1984), de James Cameron.
Sortie française: 24 avril 1985.


48 heures

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Prototypant les 20 années à venir de "buddy movie" (ou "odd couple movie") testostéroné et séminalement ironique (Joel DieHard/LethalWeapon Silver y faisait là ses gammes), et mettant le pied à l'étrier à l'un des gardiens les plus hâlés du box office 80's, le sixième métrage de Walter Hill (Sans Retour, The Warriors) propose une sorte de passerelle entre le film de mecs un rien réac (type Dirty Harry) et ceux découlant de l'avalanche politiquement incorrecte (mais d'une autre manière...) que distille désormais le petit écran américain (type Saturday Night Live).

Le résultat fonctionne bien, à plein régime même, vannes et bastos fusant à heures précises, et les deux caractères s'avèrant vite attachants (le black priapique et sapé face à l'ours mal léché mais réglo).
Le tout supporte même davantage les ans que des productions ultérieures (genre Flic de Beverlly Hills), San Francisco ayant (pour l'éternité ?) une classe certaine et le réal bourru évitant les poncifs pourtant contagieux de l'époque: la représentation d'une jeunesse new-wave ou de bad boys punkoïdes souvent ridicule.
Le film, dans sa sécheresse westerneuse et le lapidaire de son propos (un flic et un truand sorti de taule pour l'occasion (et pour 48 heures !) doivent coincer un copkiller), fait l'économie de bien des prises à charge et constitue encore aujourd'hui une séance de cinoche tout à fait honnête.


48 Hrs.,(USA/1982), de Walter Hill.
Sortie salles françaises: 27 avril 1983.


Le Crocodile de la Mort

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C'est sur une trame étonnamment référentielle (une relecture consciencieuse et dégénérée de Psychose), sur laquelle il applique des codes esthétiques une nouvelle fois radicaux (musique bruitiste, éclairage baroque et artificiel, hystérie et mauvais goût ambiants...), que le gars Tobe radiographie à nouveau la déliquescence américaine, vue par le prisme familial (l'affaire du fatal saurien étant quasiment subsidiaire !). 
Malsaine, malaisante, salingue et irréelle, l'affaire prend un tour claustrophobe, à la brutalité toute redneckeuse et total-barge (mention au DePalmesque William Finley, bien barré une nouvelle fois !), soutenu un temps en cela par une réalisation explorant allégoriquement l’étouffant décor comme un labyrinthe fatal de névroses, de nécroses et de violences larvées (allégorie presque trop marquée, trop linéaire et balisée, au point de ne parvenir à refaire le coup de Massacre à la Tronçonneuse (même si Marilyn Burns doit encore solliciter et ses cordes vocales et ses pupilles hallucinées) !). 

Car, loin du nanardissime supposé par le titre (et le racoleur de la jaquette !), nous sommes bien en terres toutes contemporaines au Craven et au Romero traumatisés par les années Nixon-Nâm. 
Le wilderness, cher à JB Thoret, y est comme à tout coup le théâtre (mais plus réaliste et moins gothique que le Bates Motel) de cette perte de repères, de ces têts à folies, de ces no-man's lands d'une Amérique schizophrène, ivre de ses choix aveugles et de sa propre Constitution.

Eaten Alive (USA/1976), de Tobe Hooper
Sortie salles françaises: 24 mai 1978


La Cérémonie

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Promptement désigné comme le dernier grand Chabrol (nous participons d'ailleurs à cette antienne de la plus malhonnête des manières, n'ayant que peu vu de productions ultérieures*), La Cérémonie, outre le sommet d'intelligence de mise-en-scène qu'il est, offre à la fois l'occasion d'une indiscutable quintessence des motifs, manières, propos et roublardes gourmandises de son auteur autant qu'il offre avec délectation une eau de premier choix au moulin des sempiternelles rengaines (parfois excitées par un Chachabe bien ironique (et toujours lucide !**) lui-même mais presque toujours mensongères) à l'endroit d'un réalisateur que le spectateur croit plus paresseux qu'il ne l'est souvent lui-même, et vainement enfermé dans un système, un genre dont il a depuis longtemps fait le tour (du propriétaire).

En faisant achopper un roman 70's de Ruth Rendell au trouble psychiatrique des Soeurs Papin, le film propose une rageuse exécution de l'hypocrisie ambiante qui ne manque pas de secouer le public, autant victime que bourreau, comme rarement le réalisateur y était parvenu jusqu'alors, la distance maintenue par son petit théâtre ou les numéros d'acteurs laissant (relativement) le spectateur à son petit confort, ses cauteleuses convictions (encore qu'un certain malaise flotte, par exemple, sur Lavardin).
Reprenant tous les ingrédients hautement identifiables de son oeuvre (fait divers, bourgeoisie, province (tendance La Bretagne ça Vous Gagne), religion, Mal, femmes, demeure (une topographie et un découpage hautement symboliques), repas, télévision, cigarettes,...), s'entourant de collaborateurs à la fidélité de fer (Matthieu Chabrol, Monique Fardoulis, JP Cassel, Isabelle Huppert) et se trouvant à un certain diapason social de son époque (le film sort entouré de La Haine de Kassovitz, d'Etat des Lieux de Richet et de L'Appât de Tavernier), se gorgeant de petites touches quasi-subliminales pour installer le malaise (de l'effet Tarte Tatin du premier plan surexposé aux hiatus déséquilibrant l'équilibre du film pour appuyer le déséquilibre progressif de la situation), La Cérémonieavance en outre de manière opératique (au diapason du Don Giovanni de Mozart qui rythme son final) et débouche sur rien moins qu'un petit chef-d'oeuvre, une orfèvrerie du Mal, beaucoup moins ramenarde et autoritaire qu'un Haneke (façon Funny Games, qui emprunte curieusement à Chabrol plusieurs points symboliques (telle « la traversée du portail »)), et parmi les tous meilleurs titres de son auteur, sinon Le***.

* mettons que cela soit le dernier Chabrol
ayant « viscéralement donné envie » !

** à l'occasion de la sortie du film,

*** Chabrol a su installer une certaine connivence presque matérielle,
à tout le moins possessive, et chacun semble posséder « son petit Chabrol à soi »,
comme une litho exposée dans le salon.
A ce petit jeu sont souvent entendus les deux Yanne
(Le Boucher et Que la Bête Meurre).
Nous ce sera, ex-aequo, cette Cérémonie et Juste Avant la Nuit.


La Cérémonie(France-Allemagne/1995), de Claude Chabrol
Sortie française:  30 août 1995


Ponyo sur la Falaise

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Petite Sirène sauce Ghibli soutenue par une partoche Wagnerienne sauce Hisaichi, occasion d'émerveillantes et débridées visions tsunamesques que n'avalisera sans doute pas le Sendaï essoré mais que le cinéphile applaudira à tout rompre (ça davantage que les sempiternelles thématiques cosmiques un peu trop gaïao-ésotérico-maritimo-yingyangesque distillées par la même occasion).

崖の上のポニョ (Japon/2007), de Hayao Miyazaki.
Sortie salles françaises: 8 avril 2009


Furie

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D'un point de vue DePalméen, Fury avance véritablement comme un trait d'union: les passations avec Sisters et Carrie ne font pas de mystère (à croire presque que Sue Snell a hérité du pouvoir de Carrie !) pas plus que le pont tendu vers les futures traqueries telles Blow Out ou, même, Mission Impossible, apparaît évident aujourd'hui.
Renforçant la sensation, les motifs (le bric-à-brac ?) du cinéaste sont aussi tous de la partie (écrans de videosurveillance, escalators, ...) - et renvoient à ceux passés et futurs (le mall de Raising Cain) - et sa fidélité de casting n'est pas là encore trahie (William Finley traverse fugitivement le métrage), au point que la qualité articulatoire de l'affaire rend le titre plus passionnant encore qu'il ne l'est, diégétiquement. 
Et Dieu sait qu'il l'est, pourtant, passionnant. 
Outre saluer l'audace jamais démentie de ce vieux briscard de Kirk Douglas qui fait, en l’espèce, ce qu'aucun de ses collègues de l'Hollywood classique ne fera jamais (pas même le pote Burt Lancaster, pourtant open minded) avec le "nouvel", le film sera l'occasion de se figurer (s'il était encore besoin de le dire) qu'on a, ici, décidément et scandaleusement beaucoup plus de goût pour les films dans lesquels aura joué Cassavettes (plutôt que ceux qu'il aura dirigé) et de se poser la question suivante (et sa réciproque): que diable a bien pu penser Brian DePalma de Scanners ?

The Fury(1978/USA), de Brian de Palma.
Sortie salles françaises: 4 janvier 1979



BR ou 2 DVD – Nouveau Master restauré
Version Originale Dolby Digital 4.0 & 1.0 + Version Française Mono 1.0 - Sous-Titres: Français
Format 1.85 respecté 16/9 compatible 4/3 – Couleurs/113 mn
Suppléments: Préface de Samuel Blumemfeld -  
Quatre entretiens d'époque (Brian De Palma (6 mn) . Frank Yablans (7 mn) . Amy Irving (5 mn) . Carrie Snodgress (5 mn))
+ DU SANG SUR L’OBJECTIF (26 mn) Un entretien avec Richard H. Kline, directeur de la photographie. . 
HISTOIRES DE PIVOTAGE (13mn) Fiona Lewis revient sur son personnage et sur sa dernière scène...culte. . 
"FURIE" : JOURNAL DE TOURNAGE (48mn) Sam Irvin revient sur son expérience unique au coeur du tournage et sur la publication de son making-of dans la revue Cinefantastique. . 
DOUBLE NEGATIVE (1984 - Couleurs - 16mn) Un court-métrage de Sam Irvin, hommage au cinéma de Brian De Palma.








Blanches Colombes et Vilains Messieurs

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Malgré la « faiblesse » (pas de francs hits, quoi) des chansons de Frank Loesser (seules Fugue for Tinhorns, Adelaide's Lament (par Vivian Blaine) et Sit Down You Rockin the Boat (donnée par Stubby Kaye), obtiennent un sursaut d'adhésion enthousiaste),
en dépit de la « mollesse » des chorégraphies (les numéros de Vivian Blaine et les Goldwyn Girls sont un peu mécaniques et seule l'ouverture collective l'emporte un brin*)
et nonobstant son timing interminable (2h30, gosh !),...
... on est vite contraint de reconnaître en Guys & Dolls, comme le dirait papa, une fichue bonne comédie musicale.

Trame savoureuse (gamblers meets Salvation Army !), transposition broadway-to-screen aux petits oignons (choix artistique du tout toc-studio, réécriture de talent par Ben Hetch et Mank himself), casting alléchant** et seconds rôles aux petits oignons, signature étonnante (Mank le fin psychologue aux commandes d'un spectacle huge et futile à la fois) et deux-trois morceaux de choix (l'ouverture, le faux enterrement de vie de garçon de Nathan Detroit, la bagarre de bal à Cuba, ...)... le tout supervisé par l'avisé Samuel Goldwyn, font en effet ce que d'aucuns appellent communément une incontestable huge piece of cheesecake (parlez-en à Sinatra !) de la culture new-yorkaise...
A défaut du hall of fame de la comédie musicale, c'est toujours ça de pris !

* la séquence du tripot dans les égouts,
bien qu'amusante et bigrement proto-West Side Story,
s'avère un peu trop athlétique...


** pourtant longtemps difficile à mettre sur pied
(Gene Kelly est pressenti pour le rôle de Brando
- que Sinatra veut avoir pour lui –
et chacun voit en la présence du Stanislavskien Marlon
(troquant là son marcel de légende, sa casquette de cuir anthologique
et sa veste à carreaux de bouleversante mémoire
pour un costume croisée de caïd cyniquement flegmatique)
une foutue mauvaise idée de casting !)

Guys and Dolls (USA/1955), de Joseph Mankiewicz
Sortie française: 1er mars 1957




Le Château du Dragon

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Sur les brisées romanesques de Jane Eyre et plus encore sur les plates-bandes romantiques/gothiques de Rebecca*, un sacré morceau de pelloche (un des tout meilleurs Mank** ?), vibrant et intense, plastiquement somptueux, pour lequel on a coutume de vanter allègrement la culte Gene (qui fomente certes là sa prochaine Mme Muir !) mais plus modérément (le non moins chéri) Vincent (Price), qui livre pourtant une immense composition d'aristo dégénéré, bien proto- à ses futures incarnations cormano-poesques.



* pour sûr que Dragonwyck a à voir avec Manderlay !

**pourtant peu convaincu, à l'occasion de cette première réalisation, 
du matériau originel que lui refourguaient Zanuck 
et le cardio-défaillant Lubitsch.



Dragonwyck, (USA/1946), de Joseph L.Mankiewicz
Sortie française: 18 avril 1947

Chaînes Conjugales

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Lorsqu'il accepte de reprendre ce projet d'abord porté par le producteur Daryl Zanuck (qui craint pourtant jalousement que le réalisateur n'en fasse un chef-d'œuvre) et d'abord confié à Ernst Lubitsch (qui avait déjà du lui céder quelques années auparavant Le Château du Dragon, crise cardiaque du cinéaste autrichien oblige), Joseph Mankiewicz ambitionnait avant toute autres chose de signer un portrait au vitriol du bien pensant american way of life.



66 ans plus tard, et après que le réalisateur se soit imposé de composer un brin avec les attentes formelles de l'Hollywood classique (happy end, etc.) force est de reconnaître que la hargne promise avec Chaînes Conjugales s'avère plutôt de « l'esprit » et que les concessions mélodramatiques ont amené le film vers de subtiles rives équilibristes, entre un désenchantement diffus et une authentique bienveillance, non dénuée... d'espoir (le film offrant finalement à ses protagonistes - pourtant inquiétées - d'alléger le poids de ces Chaînes).



Du mélodrame certes, le film a tous les atours, voire pire.

Tel un roman photo préfigurant les Desperate Housewives de Wisteria Lane, Letter to Three Wives (titre original aussi programmatique que romanesque) pourrait d'abord apparaître comme inoffensif, peu conséquent. Futile même.

Seul, bien sûr, le spectateur pas aussi familier des manières sophistiquées de Mankiewicz qu'il le voudrait pourra se laisser aller à de telles inquiétudes.



Car instantanément les manières et motifs du réalisateur s'imposent, dés le générique passé.

La voix off (omnisciente) menant le récit et le ton (presque ironique) qu'elle emploie, le ciselé (diaboliquement littéraire) des dialogues et, enfin, la brillante structure en flash-backs (procédé que le cinéaste reprendra avec Eve ou La Comtesse aux Pieds Nus),... pour ne citer que celles-là sont ainsi comme autant d'indiscutables signatures.

Comme l'est également le féminisme forcené du film.



Car, loin de s'en tenir à de seuls (et souvent bouleversants) portraits de femmes (Mme Muir (1947), Eve (1950), The Barefoot Contessa (1954),Cleopâtre (1963)), Mankiewicz se pose sans doute, avec des John Ford, des Vincente Minnelli et des George Cukor, comme l'un des tous meilleurs réalisateurs féministes d'Hollywood.



A s'employer à radiographier des types distincts de mariages et de les fragiliser par une menace (Addie Ross !) amenant les épouses à reconsidérer le valide, le solide de l'union qu'elles ont conclu avec leurs époux, le cinéaste interroge en réalité plus profondément encore le statut de ces trois femmes au cœur de la société américaine telle qu'elle s'impose au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Ont-elles réussi leur mariage ? Ont-elles réussi leur vie ? Ont-elles réussi leur vie de Femme ?



Ce questionnement est sans doute permis parce qu'Addie Ross, la fameuse voix off qui ouvre et structure le film, cette femme idéale, cette invisible, ce fantasme total, est sans aucun doute davantage une expression du subconscient des trois femmes (Deborah, Rita, Lora Mae) plutôt qu'une réelle concurrente.

Elle est un MacGuffin hitchcockien, un prétexte, une étincelle pour amorcer le récit (ou plus exactement l'analyse).

Ceci entendu, on suppose alors bientôt l'issue bienheureuse du film (à tout le moins la non-résolution « dramatique » de l'intrigue première au profit d'une résolution « intime », plus profonde) et on balaye d'une main l'argument scénaristique pour se plonger dans les inquiétudes successives des trois Mrs (Bishop, Phipps, Hollingsway) qui nous sont présentées.

La série Desperate Housewives (2004-2012) de Marc Cherry s'inspirera d'ailleurs ouvertement de ce procédé, sa narration initiale étant également confiée à la voix off d'une femme « invisible » (comprenez « absente de l'image »), Mary Alice Young, amie des protagonistes dont le spectateur courageux suivra ensuite les trajectoires mouvementées (180 épisodes durant).



Outre le féminisme avéré de Mankiewicz, Chaînes Conjugalessera aussi l'occasion pour le spectateur de mesurer l'affirmation des valeurs du cinéaste. Jusqu'à un point qui frise le visionnaire : la tirade de George Phipps contre la publicité sonne ainsi aujourd'hui d'une manière confondante à nos oreilles désormais familières avec l'honnêteté cynique de présidents de chaînes de télévision articulant sans honte ni gène leur théories vicieuses du « temps de cerveau disponible ».



Ce personnage de professeur qui place la culture bien avant les dollars, campé par un délicieux Kirk Douglas, apparaîtra d'ailleurs sans doute comme le plus ouvertement dépositaire des opinions du cinéaste. Et ce jusque dans sa modernité (il accepte très bien que sa femme gagne mieux sa vie que lui... tant qu'elle ne se compromet pas avec la médiocre morale des financiers)... la plus parfaitement féministe ! 

Letter to Three Wives (USA/1949), de Joseph L.Mankiewicz
Sortie française: 30 novembre 1949

(texte tiré d'une note pédagogique à l'intention du Cinéma Le Régent de St Gaudens (31800))

 Film disponible en DVD chez CARLOTTA

Cold in July

2010: L'Année du Premier Contact

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Puisqu’indubitablement chiffré et reposant sur la notion de délai (16 ans entre les deux films mais seulement 9 entre les deux narrations, seulement quelques mois de voyage spatial mais combien d’années terrestres vous séparant des vôtres ?), recensons-en à notre tour quelques-uns :
20 minutes avant de parvenir à se débarrasser de l’étrange impression de voir l’amorce d’un Jaws 3 (Scheider on beach, en famille et dauphins, le spielbergien Bob Balaban (et par ailleurs étonnant cinéaste) en quasi-clone de Richard Dreyfus, le bonnet de Matt Hooper en moins !) : ce prologue terrestre, censé installer le réalisme pratique, le prosaïsque ambiant apparaît presque inadéquat.

40 minutes pour asseoir l’impression que l’héritage spaco-kubrickien a surtout été légué à un certain James Cameron (Abyss, un ocean-2001 ?), l’HAL-9000 étant l’évident père de tous les Bishop de la galaxie (on notera aussi les enjeux dramatiques de cohabitation d’intérêts divergents en station orbitale, et une certaine idée de la robotique spatiale).

50 pour apercevoir fugacement un vague lien esthétique avec le 1er volet (le réamorçage d’HAL), jusqu’ici évoqué par private jokes à base d’anagramme (Tanya Kiburck !), de couverture de Time (le président des USA a la trogne du barbu mégalo) et j’en passe de plus potaches encore…
75 minutes pour verser (enfin !) dans un fantastique mollement mystique (plus qu’ésotérique) avec les diverses manifestations de Bowman… et 105 pour que le message œcuménique de paix universelle inonde écran et rétines (à grand renfort de double soleil !). Bouh !

Un peu à côté de la plaque mais résolument audacieux par le contre-pied choisi par un Peter Hyams omnipotent et multi-casquettes (storyboardeur-scénariste-chefop’-réal-producteur) : faire une suite au grand fourre-tout métaphysique qui propulsa la SF comme genre majeur en ne s’inquiétant que de la bouche pâteuse qu’occasionne les voyages spatiaux et la nostalgie des hot-dogs lors de la MLB (Major League Baseball). Gonflé le mec. Abordagien presque.


2010: The Year We Make Contact (USA/1984), de Peter Hyams
Sortie française: 6 décembre 1984.


 

Flashdance

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La vulgarité, en soi, n'est jamais un problème: c'est comme un gang bang à l'arrière d'un mini-van, c'est bon quand c'est bien fait. 
Brian de Palma a souvent (toujours ?) travaillé la vulgarité et son cinéma, même dans les minutes les plus putassières, relève d'une élégance rare. 
Paul Verhoeven, davantage sur le fil, s'en est parfois bien sorti. 
Adryan Lyne (Neuf Semaines et demi, Liaison Fatale, Lolita, ...), c'est un autre problème (sorti de L'Echelle de Jacob, guère de salut !). 

S'appuyant pourtant ici sur un script du futur scénariste de Basic Instinct (justement !) et financé par Jerry Bruckheimer (pas le plus bernanosien des producteurs hollywoodiens)*, tous ici "débutants", le réalisateur - lui même balbutiant - pose les bases de son cinéma racoleur, bling bling et bas de gamme.

Flashdance, salement maniéré, se veut un film sur le feu de la danse mais n'est qu'une vision simpliste et malhonnête. Atteint par la grande clipesque et n'optant, pour rendre compte du corps dansant, que des tricks de la pornographie (close-up désincarnant, montage en trompe-l'oeil soutenant le mensonge des performances*, ...), le film distille en outre un message aussi frelaté que son aspect: la foi artistique et la persévérance des rêves fait tomber les barrières. 
Axel, l’improbable soudeuse en sidérurgie  (imagerie idyllique de l'ouvrier américain, ah ! ah !), se doit de réussir parce que ses petits amis ont foiré (le cuistot qui se croit stand-uper et retourne cuistot, la copine patineuse qui finit strip-teaseuse) et parvient à séduire une austère compagnie classique (nauséabondement moquée) en leur fourguant (climax !) une pathétique chorégraphie de gogo danseuse biberonnée à l'Olivia Simpson Jones de Body Physical (?!)... 

Empli jusqu'à la gueule de philosophie reaganienne (réussite individuelle, culte du corps), baigné de tubes FM post-Fame (mais c'est pas le pire à avaler au cours des 92 minutes), l'infect Flashdance ne s'interroge jamais sur lui-même (ni ses personnages, en simple mode ON/OFF), ni ne semble avoir honte de trousser un miroir aux alouettes aussi maquillé comme une pute. Il affiche même, cherry on ze cake !, un cynisme de client de strip-club (le casting s'est conclu par un vote entre les trois élues au lead acting (dont Demi Moore): avec laquelle voudriez-vous coucher, les gars ?). 
What a crappy feeling. 

* il vient alors de produire l'autre truc moroderien du moment 
qu'est le remake de La Féline de Tourneur par Schrader. 

** Jennifer Beals est d'ailleurs presque toujours doublée pour les scènes dansées... 
parfois même par un mec !! 



Flashdance, 1983/USA - Adrian Lyne.
Sortie française: 14 septembre 1983.

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