Trente ans plus tard, il ne reste plus guère aux Ripouxqu’une patine mélancolique (façon « on assassine Belleville »), qui balaye la (molle) mécanique comique beudimouvesque, qui étouffe les gags (parfois laborieux) et qui, enfin, étrangle chacune (ou presque) des répliques griffonnées par un Kaminka pas si hargneux que ça (le registre désenchanté post-Audiard n’est pas son fort*).
Le folklore poulaga n’impacte plus non plus (le bottin sur la tête, le plomb à la poche, les menottes autour de la cheville, tout ça) mais, en revanche, demeure l’inoffensif de la charge.
Car si les portraits sont jolis (joliment tristes même !), le tableau, tout consacré à ses acteurs justement, ne creuse pas bien loin le contexte qu’il campe d’abord et le néglige finalement. Le système pointé n’est pas à proprement parlé véritablement questionné et sa critique ne porte pas bien loin (c’est pas le L627 de Tavernier !) se contentant vite du seul pittoresque. Pittoresque des gentils délinquants, de la marge joviale, des profiteurs de système bons enfants (même les dealers sont mignons !)… pittoresque du cynisme désabusé de l’affaire pour peu qu’il soit bonhommement théorisé par des mecs sympas, en somme.
Pittoresque du portrait qui l’emporte en définitive sur la prise de hauteur, de largeur, de perspective **(Kaminka était pourtant moins pointilliste chez Pierre Richard !) mais qui assure durablement une empathie confortable. La gène venant, paradoxalement, de ce confort… vite inconfortable…
* d’ailleurs si Bebel avait été plus partageur d’affiche
et moins frileux avec son image,
et moins frileux avec son image,
sans doute aurait-il vécu un automne 84 plus fameux
en remplaçant Noiret ici,
en remplaçant Noiret ici,
qu’en donnant la réplique à Marceau ailleurs…
** malgré l’urbanistique ethno-social de la chose,
commun à Marche à l’Ombre (sorti quelques semaines plus tard)
et préparant le terrain à Black Mic-Mac ?
Les Ripoux (France/1984), de Claude Zidi
Sortie Salles françaises: 19 septembre 1984