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Channel: ABORDAGES, le cinéma scandaleusement pris par la quille
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On s'en fout, nous on s'aime

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On s'en foutrait bien un peu, oui... mais on ne sait d'abord pas par quel bout prendre l'affaire...
La dimension raccrocheuse de wagon, suceuse de roues - quasi boumsploitation en somme !- de la production semblera faire l'affaire (même si le phénomène cinéphilico-opportuniste est davantage d'obédience latine ). 

Le réalisateur, après avoir sévi dans la bidasserie tardive et fauchée (dix ans après les Charlots) avec d'autres faiseurs émérites (Clair, Vocoret, Balducci), semble autant avoir impulsé cette forme de comédie de moeurs adolescentes franchouillardes*, façon Lang (Michel, pas Fritz !) ou Pécas même (mais moins), que surfé sur cette même vague une fois que d'autres l'eurent mieux négocié (Pinoteau/Thompson, Zidi,... Gion même !).
Un "classieux" passage dans le sillon de Maccione alors en pleine bourre (T'es folle ou quoi ?, film pas fort culte chez les LGBT, et à peine plus ailleurs**) que voilà Gérard (Michel, pas Charles ou Danyel !) coupable de l'autre tragique tentative d'entrée sur le marché français de Jerry Lewis*** (Retenez-moi ou je fais un malheur), en guise de point d'orgue d'une carrière toute entière dévolue aux poilades du samedi soir, troupières ou boutonneuses et visant rarement au dessus de la ceinture (ceci dit sans mépris: la preuve, on adorait Patrick Schulmann ****!).

Et au milieu, coule... On s'en fout, nous on s'aime
L'outsider qui aurait pu faire basculer les choses, le Canada Dry qui aurait pu faire ce que ne fit pas non plus N'oublie pas ton père au vestiaire (sorti deux semaines plus tôt), autre laborieux du peloton chassant après la gomme de l'échappée Vic Berreton.
Ainsi artistiquement d'abord, on est loin du compte (sans que les Pinoteau ne soient non plus des sommets, hein !): la chronique s'avère confondante et tragiquement ennuyeuse tant elle est innocente, insignifiante et dénuée d'enjeu. Impossible ainsi de vibrer pour les personnages (à peine esquissés) ou de sourire (l'affaire est incongrument dénuée de gags, mise à part la modeste séquence Castelli-esque), ni, faute de mieux, de caresser une quelconque nostalgie (un papier peint, une meule Honda et une tasse de Choky ne sauraient suffire à saisir une époque !). Non, ne serait le caractère de scénariste raté (Darry Cowl) qui s’acoquine avec une teenager rompue aux codes du café-théâtre, seul à offrir un petit truc, nous aurions fait face à un vide abyssal, quasi embarrassant.

Commercialement aussi bien sûr, le compte n'y est pas (on avait pourtant misé sur un single "people" (Gilbert Montagné) en guise de BO... mais qui ne cartonnera pas autant que le Dreams (are my reality) de Richard Sanderson... et, non: Arielle Besse ne sera pas la nouvelle Sophie Marceau !), mais également (surtout ?) en termes de box office: 621 000 entrées (contre 4 000 000 La boum 2 (et 4 378 000 pour le #1)) n'imposeront guère la production dans l'inconscient collectif. 
Tout au plus feront-elles distinguer depuis un diffus écho nostalgique pour les bouffeurs de VHS (le film a d'ailleurs une page facebook assez fébrilement alimentée par un presque demi-millier de fans !).



* il fera même débuter la petite Sheila O'Connor, future Pénélope à blouson, 
un an avant La boum1, présente en cette année 82 et dans le #2 
et dans cet OSEFNOSA (acronyme presque vendeur) !

** avec le gringalet Luchini, loin de chez Rohmer !

*** l'autre étant le programmatique Par où t'es rentré ?, on t'a pas vu sortir  
de Philippe Clair.

**** au parcours étrangement analogue (acnés, cul, Aldo,...)... 
mais à l'énergie supérieure, malgré tout.

***** ce qui fait malgré tout 8000 entrées de plus que le Blow out de De Palma, 
49 000 de plus que celles de The thing de Carpenter... 
et 353 000 de Bourgeoise et Pute.




On s'en fout... nous on s'aime (1982/France), de Michel Gérard
Sortie française: 16 juin 1982




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