A réac réac et demi.
L'Inspecteur Harry, cible de toutes les opprobres bien pensantes, a eu très vite fait de se trouver en prise avec "pire" que lui: les milices vigilante de Magnum Force l'auraient presque fait passer pour un militant clintonien.
Avec Sudden Impact, la licence du flic atrabilaire abandonne le sous-genre du vigilante pour frotter cette fois-ci son aride personnage à celui du rape'n'revenge: la victime d'un viol collectif dégomme un à un les fumiers qui les ont agressées, elle et sa soeur. C'est un peu comme si Clint devait enquêter sur les meurtres commis par Charles Bronson dans Un Justicier dans la ville... et passer l'éponge à la fin.
Autant dire que la geste Callahanienne a rarement été plus ambiguë, quand bien même l'inconfort est-il sommairement masqué par de fameuses répliques (le "come on punk, make my day", c'est dans celui-là, et le "Smith, Wesson and me" aussi !).
Et si Eastwood prend les choses en mains puisqu'il réalise l'épisode, il nous laisse quand même nous démerder avec notre conscience, son personnage oscillant entre le flic que n'importe quel gosse de Ferguson voudrait avoir au bout de sa batte et le vengeur fantôme, façon Josey Wales ou Pale Rider, marottes vengeresses du cinéaste.
Sans doute n'est-ce pas pour rien que nombre de séquences s'achèvent sur un plan en hélicoptère qui s'éloigne de la "scène", embrassant un point de vue fait de grande hauteur et de vastes largeurs. Comme si Clint nous disait "hey, ne restez pas le nez sur les faits et les motivations de chacun, les gars... cherchez de la perspective !".

Sudden Impact (USA/1983), de Clint Eastwood
Sortie salles françaises: 22 août 1984.