A n'en pas douter, le Rick Gassko du Palace en délire vient du même moule que le Carey Mahoney de Police Academy – rien d'étonnant à ça: les deux ont été écrit la même année par Neal Israel.
Doux marginaux, résolument off system, mais avec un cœur en or sous la couche d'espièglerie, l'apparente immaturité et l'enclin supposé à la concupiscence la plus potache qui soit, les personnages campés par Steve Guttenberg et Tom Hanks (véhicules idéaux pour propulser ces types encore inconnus la veille), oui, sont d'indiscutables cousins. Leurs satellites aussi.
Films de potes et/ou de roomies, aussi débiteurs d'American College, de Porky's que de Docteurs in love, Police Academy et Le palace en délire(fade titre français) sont autant l'occasion de galeries de situations (des climax plus ou moins scatos, sexuels, mais au transgressif assez poli, finalement) qu'évidemment de personnages: aux Hightower, Tackleberry et consorts du film de Hugh Wilson répond bruyamment ceux du film qu'Israel signe ici lui-même (Brad le suicidaire camé, Jay le photographe érotomane, Cole l'odieux fils à beau-papa, Gary le nabot woodyallenien qui peine à conclure, Tina la proctologue coincée qui s'avère une refoulée maousse, etc.). Autant de caractères dont on ne doute pas qu'une série aurait hissé à un certain panthéon de la pantalonnade US... chacun étant taillé dans un même rire, outré, hystéro, stéréotypé, mais bourrin aussi voire authentiquement bully (un recours systématique à l'humiliation).
Au delà des persos, le ressort dramatique principal est en outre le même dans les deux films (des blancs-becs « du bon côté de la hiérarchie » veulent coincer le fameux « gars à la coule » et montrer au monde son vrai visage « d'inadapté à qui on ne peut faire confiance ») autant que les annexes, de ressorts le sont, identiques (tel le spectaculaire choc générationnel/social à l'égard de la sexualité : c'est la pipe faite au commandant Lassard « à son insu » dans l'un, ou le maxi-hot dog de l'autre où la belle-mère se saisit du braquemart d'un chippendale « sans d'abord réaliser »).
On sent donc que les deux films sont sortis des mêmes séances de brainstorming et que des recettes, ont vite été établies. Que la mécanique s'est huilée là.
Toutefois Police Academy, de part la durabilité de la licence (...), les modulations qu'elle recevra (pour devenir le prototype même de la "comédie reaganienne") et la « mythologie » qu'elle établira, s'avérera autrement plus « important » que ce Palace en Délire-ci, petite production trop peu critique ou provocatrice pour secouer quoique ce soit (on n'est pas chez John Waters) ni dire rien sur une époque ou des contextes. Et dont la seule énergie (assez pénible, à l'image d'un Hanks franchement pain in the ass) ne saurait suffire... au contraire d'un Hangover, par exemple ?
Bachelor Party (1984), de Neal Israel
Sortie salles françaises: 15 août 1984