C'est l'histoire d'un type qui a son petit succès à la télé, aux côtés d'un type avec un gros pif, et qui se ferait bien une cinoche-credibility (et si possible, en dehors des pas de son papa, bien installé dans le business, voire l'Histoire du truc - le cinoche)*. Il se fait accoster par une serveuse de bar qui lui dit "mon tout beau j'ai une histoire en or qui ferait un film en or sauf que ça parlerait d'émeraude" (oui, les distributeurs français n'ont encore rien compris en cherchant un titre hexagonal, ça vous étonne ?). Patient, il l'écoute. Et ça fait tilt, il gobe, il croit, il plonge. Il fait le film et ça cartonne. Le v'là avec un blason perso, tout doré. Pour remercier la serveuse (qu'il crédite comme scénariste au générique), il lui paye une Ferrari ou quelque chose comme ça. Six mois après, la fille se tue avec (elle n'était pas au volant mais, en 67, Jayne Mansfield ne l'était pas non plus, ni Marc Bolan dix ans plus tard), sans plus rien écrire pour quiconque. The end.
Ce n'est pas l'histoire d'A la poursuite du diamant vert (...) ou plutôt si: c'est celle derrière le film, qui en vaut bien une autre.
Alors certes, c'est moins drôle et alerte que le film que tira Robert Zemeckis du script de Diane Thomas (RIP), mais c'est du pur Hollywood aussi.
Comme pur Hollywood est ce couple, Douglas/Turner, digne héritier de tous ceux des romcoms classiques, façon Gable/Colbert, Peck/Hepburn et j'en passe. La candide et le roublard. Le type, roué et roublard, qui a toujours une longueur d'avance d'arnaque sur la belle qu'il secourt/aide/supporte/accompagne mais qui, à la fin, en a une de retard parce qu'il est tombé raide dingue amoureux d'elle (voir la géraldine et le dundee, quelques années plus tard, au fin fond du panier australien).
A la poursuite... est assez exemplaire dans son dispositif (au moins jusqu'à ce que le couple mette la main sur la stone du titre original, la suite étant moins convaincante - mais pas moins drôle et enlevée).
La crescendo est savamment dosé et on se détourne très vite du succédané indianajonesque qu'on crut voir arriver à l'été 85.
DeVito, arrivé là dedans par pur copinage, campe un personnage assez improbable, gonflé artificiellement au script (ça se sent) mais qu'il porte avec une "grâce" comique qui est la sienne: le nabot bouffe l'écran, comme Kathleen Turner envahit le cadre de son charme grandissant, minute après minute (enfin seulement lorsque son brushing est massacré, parce que sinon c'est les années 80 tout d'même, hein ?!). Et Douglas de même, quoiqu'un peu moins.
Le produit est atypique, arythmique presque (d'étranges séquences comme celle du baron de la drogue fan de la romancière qui les fait s'enfuir grâce à son 4x4, Pepe), mais d'une tenue irréprochable (l'ouverture new-yorkaise, quoique chick flick en diable, est solide comme un Pollack et pourrait bien avoir influencé le Martin Brest du Beverly Hills Cop ?). D'une efficacité toute... Zemeckisienne ?
Né dans le giron de Spielberg, le garçon - ici "infidèle" - se montrera un élève affranchi fort d'un talent indéniable. Il retournera cependant pour la décennie en cours non pas vers le futur (encore que) mais dans les jupes de son père: Amblin l'attend pour une trilogie influente. Et une DeLorean un peu spéciale...
* le fiston avait déjà mis des billes
dans Vol au-dessus d'un nid de coucous...
dans Vol au-dessus d'un nid de coucous...
Romancing the Stone (1984/USA) de Robert Zemeckis.