S'il n'offre apparemment pas la sauvagerie et l'insane de ses précédentes livraisons, ce Craven-ci montre combien le larron saura, lorsque le marché s'en fera sentir, se mettre dans les clous de l'épouvante "calibrée" tout en ne trahissant jamais son identité, ses chevaux de bataille... et ses tricks.
Ainsi, d'apparence classique et "besogneuse", offrant à voir un artisanat de goût (découpage, lumière, musique concourent à trousser une oeuvre "classique") plein d'une indéniable oldschoolerie, le film zèbre toutefois habilement un atmosphérique "balisé", de visions et de motifs aussi fameux (le serpent dans la baignoire, préfigurant une scène non moins célèbre des futures Griffes de la Nuit) que dérangeantes*.
Le goût pour jouer du moralisme pervers de la "famille américaine" (trait que Wes partagera avec Tobe Hooper) et qui innervait déjà La Dernière Maison sur la Gauche et La Colline a des yeux (et sera encore le sujet de Nightmare on Elm Street ou de People under the Stairs), donne une nouvelle fois un sel tout particulier à un titre qui n'est décidément pas que le négligeable exercice d'épouvante à quoi certains réduisent le film lorsqu'ils se remémorent La Ferme de la terreur.
Si la caricature est nette (la communauté amish-like est tout de même bien carabinée - et vaut bien la redneckerie dégénérée souvent en place chez Tobe Hooper - et la mère possessive complète outrageusement le tiercé gagnant amorcé avec celle de Carrie et celle de Jason !), elle ne fait néanmoins pas de doute quant à sa dénonciation de l'hypocrisie (et l'hystérie) du puritanisme américain. Et de sa soif, toute reaganienne, de punir sa jeunesse.
Au point de se poser même en évidente articulation (technique, thématique, commerciale et politique) dans son oeuvre.
Au point de se poser même en évidente articulation (technique, thématique, commerciale et politique) dans son oeuvre.
* Craven lui-même (qui ne signera ni le script ni le montage)
pointa que cet "équilibre" n'était dû qu'à sa pugnace lutte
avec des producteurs ambitionnant plutôt
une façon d'épisode de Charlie's Angels horrifique
tandis qu'il visait, lui, quelque chose de plus noir,
et ne considère pas à proprement parlé le film comme sien.
Deadly Blessing (USA/1981), de Wes Craven