En produisant ce film, John Hughes s'offre en réalité le producer's cut de son film précédent, Pretty in pink*, auquel le studio avait imposé une fin qu'il ne cautionnait guère.
Ainsi, plutôt que le tournage d'une alternate ending, le binoclard teenage-ophile se paye donc le luxe d'un quasi remake (le film est en réalité une variation qui "change de camp", passant du point de vue féminin de Rose Bonbon (titre français de PiP) à un masculin)... mais n'offre pas à chacun de ses acteurs quelque chose à défendre.
Car si Mary Stuart Masrterton fume tous le reste du casting de Some kind of wonderful (sauf peut-être John Ashton, unique adulte à avoir plus de deux lignes de dialogues) , c'est avant tout (mais pas seulement !) parce qu'elle est la seule à avoir un personnage à camper - les autres ont, au pire, un stéréotype (Koteas, Sheffer, Corman, etc.) à incarner, au mieux une idée (Stoltz, Thompson).
Certaines, de ces idées, ne sont pas toc. A tout le moins sont-elles plus nuancées qu'à l'accoutumée: Keith Nelson n'est pas un loser ni Amanda Jones une bimbo (lui est plutôt, comme la plupart des étudiants, transparent), et le film n'est jamais pamphlétaire.**
Mais pour mesurées, délicates ?, qu'elles soient, peu de ces idées sont toutefois amenées à leur terme (le film effleure bien des sujets sans en prendre beaucoup à bras le corps - idem des personnages (le skin, la soeur) qui auraient gagné à être un peu plus développés) et un certain déterminisme scénaristique prend bientôt le pas sur la vie qu'aurait pu animer les caractères (un dernier quart d'heure, un peu trop "efficace").
Mais de vivant, il n'y a que Watts, admirablement incarnée par Masterton, vibrante et ambiguë, vraie, réelle,... riche (dommage que les ultimes lines de l'épilogue lui tirent un peu le tapis sous les pieds) ?
Le reste n'est que pelote déroulée: elle est l'unique raison valable et inaltérable de voir ce film.
* déjà réalisé par Howard Deutch.
** si le film est générationnel,
n'est-ce pas davantage affaire de mood que de thème ?
Some kind of wonderful (USA/1987), d'Howard Deutch
Sortie écrans français: 5 août 1987