Beau spécimen de comédie anarcho-poétique mid-70’s, inventive, drôle et touchante (et au titre malheureux (fait coutumier chez Pierre Richard passés les deux mots)), cette prod ouvertement baba (impression appuyée par la BO du Big Bazar), à l’inverse des féroces brûlots anars-de-droite de Jean Yanne à la même époque (qui utilise d’ailleurs les mêmes castings !), réussit plutôt la satire socio-économique par exemple que manquèrent pathétiquement Les Chinois à Paris ou Pétrole, Pétrole…
Ambitieux et lunaire à la fois, absurde et revendicatif d’un même élan, c’est peut-être la superposition des modes et des intentions du film qui essouffle toutefois le projet.
Car le film est volontiers aussi « catchy » dans ces sketches graphiques (la prise de sang, les moments slapsticks de « la brique et du seau » ou des « peintres » (du pur pompage des Temps Modernes de Chaplin !)) que dans ses dénonciations de comptoir (le guichet de Bernard Haller, impérial), l’empilement des registres annule certaines séquences (l’épatante remise des jouets militaires aux écoles, gâchée par le numéro proto-michelleebien de Pierrot).
Il en devient même confus, à tirer en tous sens, fustigeant avec une même application les marchands d’armes, le syndicalisme et le monde ouvrier (vachement drôle cela dit !), l’administration, l’encadrement social, …le tout sous une forme peu étrangère au Lautner pop-réac de cette même époque ou au Zidi facile et bâcleur (Le Grand Bazar).
Mais même sans cette rigueur et cette économie qui eurent été bienvenues, Je ne Sais Rien… constitue quand même le haut du panier du genre, et l’occasion jamais dispensable de voir un Blier en pleine forme, ainsi qu’une brochette de seconds rôles aux petits oignons (Tornade, Prévost, les Frères Ennemis, les p’tits gars Kaminka-Beller-Régo (très bons !), Pierre Repp… jusqu’aux Charlots themselves (dans un cameo « tarte-aux-missiles » final))
Ambitieux et lunaire à la fois, absurde et revendicatif d’un même élan, c’est peut-être la superposition des modes et des intentions du film qui essouffle toutefois le projet.
Car le film est volontiers aussi « catchy » dans ces sketches graphiques (la prise de sang, les moments slapsticks de « la brique et du seau » ou des « peintres » (du pur pompage des Temps Modernes de Chaplin !)) que dans ses dénonciations de comptoir (le guichet de Bernard Haller, impérial), l’empilement des registres annule certaines séquences (l’épatante remise des jouets militaires aux écoles, gâchée par le numéro proto-michelleebien de Pierrot).
Il en devient même confus, à tirer en tous sens, fustigeant avec une même application les marchands d’armes, le syndicalisme et le monde ouvrier (vachement drôle cela dit !), l’administration, l’encadrement social, …le tout sous une forme peu étrangère au Lautner pop-réac de cette même époque ou au Zidi facile et bâcleur (Le Grand Bazar).
Mais même sans cette rigueur et cette économie qui eurent été bienvenues, Je ne Sais Rien… constitue quand même le haut du panier du genre, et l’occasion jamais dispensable de voir un Blier en pleine forme, ainsi qu’une brochette de seconds rôles aux petits oignons (Tornade, Prévost, les Frères Ennemis, les p’tits gars Kaminka-Beller-Régo (très bons !), Pierre Repp… jusqu’aux Charlots themselves (dans un cameo « tarte-aux-missiles » final))
Jocelyn Manchec
Je Sais Rien, Mais Je Dirai Tout, 1973/France - 90 mn Interprètes: Pierre Richard, Bernard Blier, Didier Kaminka, Luis Rego, Georges Beller, Francis Lax, Pierre Tornade, Daniel Prévost, Les Charlots, Victor Lanoux, ... Scenario: Pierre Richard & Didier Kaminka - Image: Pierre Lhomme - Musique: Michel Fugain - Production: Christian Fechner - Réalisation: Pierre Richard. Sortie française: 6 décembre 1973 |
