C’est toujours avec le même prisme déformant, cool et mélancolique à la fois, toujours en passant par cette bande qui lui était chère qu’Altman aborda tel ou tel genre (la guerre de MASH, le polar du Privé, …). Aucune raison donc qu’il en soit autrement pour le western 70’s, post moderne s’il en est, qu’il alla lover à cent lieues des harmonicas Leonesques, des crépusculaires Siegeleries (et encore moins comme un écho tardif aux classiques walsho-fordiens)...
... mais au contraire dans le giron d’un certain naturalisme d’époque (proto-Jeremiah Johnson), au tragique diffus, pas si radicalement étranger aux futures - et chaleureuses - emphases d’un Pat Garett & Billy the Kid(Peckinpah troquera d’ailleurs les grattouillis à 6 cordes de Bob Dylan à ceux de Leonard Cohen !).
Le présent film, précis et patient, ambitionne d’offrir au regard la fin d’une Amérique et la naissance d’une autre, la fin hivernale d’une sorte d’Age d’Or où la foi et les errances de l’âme s’entremêlaient plus qu’elles ne bataillaient l’une contre l’autre (il suffit de voir la chorale de l’enterrement, tenue par les prostituées du claque !).
Eveil du capitalisme, naissance de l’industrie hystérique du loisir (les coilleboilles traversent tout l’Ouest pour venir au bordel de Beatty et Christie) sont au cœur d’une production soignée (la photo de Zsigmond rappelle les gravures magnifiques des contes de O.Henry !), iconoclaste, mais dans laquelle Warren Beatty la ramène un poil trop, joue bien trop à l’acteur (il aurait même participé au script et, chichitant, compliqué régulièrement le tournage, au point qu’Altman se vengea en lui faisant reprendre près de 25 fois le réfrigérant final).
McCabe & Miss Miller (USA/1971), de Robert Altman.
Sortie française: 22 décembre 1971