La Compagnie des Loups

Rêverie baroque et hautement symbolique, faisant s'enchaîner motifs folkloriques (les loups-garous et les rouquemoutes, une grande histoire d'amour !) et métaphore freudienne (le loup c'est aussi l'incarnation du désir masculin dans sa manifestation la plus essentielle, la plus bestiale), la comptine cruelle et merveilleuse oppose aussi des visions proches d'un clip de Mylène Farmer (bis rouquemouta !) à des tableaux plus LewisCarolliens et de grandes paraboles classiques que Perrault et les frangins Grimm popularisèrent pour les siècles des siècles (amen).

Marginal à l'époque (de Terminator !) dans son esthétique et son romantisme cru et vicié (le rouge des lèvres et des capuches a, of course !, la valeur des souliers de Dorothy dans Le Magicien d'Oz), autant que dans son propos et sa forme (encore qu'un Argento aurait pu s'emparer d'un bestiaire de ce type plutôt que de s'enticher de ses putains d'insectes (in Phenomena)...), la chose a sans doute aussi mal vieilli que La Forteresse Noire de Michael Mann tout en intimant cependant le même respect, pour des raisons diverses. Et une tendresse égale.

Tout à cette bienveillance, on notera par ailleurs que l'aventure plaçait le père Jordan comme le parfait metteur en image d'un autre mythe nocturo-sexuel: (l'inégal aussi) Entretien avec un Vampire.