Je ne suis, confessons-le, entré en Jarmusherie qu'avec Down By Law (1986), et encore, avec un certain nombre (3 ? 4 ?) d'années de retard (et, longtemps, ce Stranger Than Paradise et, plus encore, le préalable Permanent Vacation, ne susciterait chez moi qu'un ennui aussi poli que scandaleux). Difficile cependant, à 13 ans et en sortant tout juste, hilare et ravi, d'une séance de SOS Fantômes*, de se précipiter sur cette petite pépite aigre-douce, tout en neige et soleil (et plus encore en glande XXL !), irréfutable profession de foi faussement rythmée du mood du jazzy méchu blanchi. Qu'est STP, assurément.
Il en est toutefois d'autres, des jalons rétrospectivement découverts et dont nous ignorions tout en janvier 85 !
Tenez !, en s'éloignant une minute du champ cinéphile pour se tourner vers la pop, que savions-nous alors d'Echo & the Bunnymen (et de leur Ocean Rain) ? du Hyaena de Siouxsie & the Banshees (pour rester avec les noms à coucher dehors) ? Rien, bien entendu. Et qui étaient donc encore ces Smiths qui avaient sorti leur premier album quelques mois auparavant ? Je ne l'apprendrai que plus tard et les chérirai presque autant que si je les avais découvert dans le plus parfait diapason.
En janvier 85, je ne connaissais effectivement pas non plus ce Jim Jarmusch de 32 ans (pas plus que Lars Von Trier qui sortait son Element of Crime**) mais notre rencontre se ferait bien, quelques années plus tard, autour d'une glace pour laquelle tous nous hurlerions.
Et, depuis lors, rétrospective faite et fidélité acquise nous suivrions le gaillard atmosphérique d'Akron quelques années durant (Coffee & Cigarettes et The Limits of Control ne nous ayant pas mis plus en appétit que cela !)...
Alors quoi ?, vous dire combien ce titre est bon et vous en décrire les tours new-yorkais et les contours floridiens ? Vous évoquer par le menus les errances de road-movie ironiquement neurasthénique ? Vanter la marge so classy de la lose ? Vous vendre que vous y trouverez là la sève des premiers Milos Forman, si c'était Scorsese qui les avaient tournés (ou inversement), et ce même si le présent réalisateur se reconnaît plus volontiers chez les japonais minimalistes ?... Ne comptez pas sur moi. Pas encore aujourd'hui.
Non, si ce n'est déjà fait, organisez la rencontre par vous-mêmes avec ce curieux et fascinant univers pâle, drôle et lent... et succombez alors, comme dirait le Screamin' Jay !, au sort jeté sur vous...
* qui me laisse encore ravi et hilare aujourd'hui,
tout en goûtant, des mêmes papilles, le JJ !
** se reporter à la mensuelle nostalgie d'EdisDead
pour avoir le menu complet du mois !