Comme partout ailleurs en pays slasher, occis sont les baiseurs.
The Prowler ne se distinguerait ainsi pas de la palanquée lui précédant (et qui lui succédera), et ce depuis Black Christmas, Halloween et le premier Vendredi 13, s'il ne se payait pas le luxe de quelques "particularismes" qui, pour modestes soient-ils sur le papier, offrent une belle différence à l'image.
Le principal de ces particularismes ne sera donc pas l'affranchissement de ce moralisme idiot évoqué à l'instant, pas plus que l'accoutrement du tueur (un angle souvent villagepeoplesque du créneau qui occasionne ici, après le mineur de Meurtres à la St Valentin et avant le marin-pêcheur de Souviens-toi l'été dernier, un vétéran de la WWII*) ni le contexte des meurtres (une énième prom night), mais bien une certaine idée de la durée.
Durée de l'intrigue, durée des séquences (la scène de recherche du commandant Challard en devient proprement étonnante de longueur, audacieuse même !, de longueur "infructueuse".)… mais surtout durée des crimes. Celle-ci rompt en effet avec le lot commun des exécutions façon Jason: ici les couteaux s'attardent, les gorges se vident lentement, les cris s'étiolent à mesure que la vie s'échappe des victimes… et cette durée "inédite" change toute la donne.
Au petit jeu du "Booh, scare me" s'ajoute ainsi l'inconfort et la douleur. Sans aller jusqu'à donner une épaisseur et une réalité à ces meurtres à la chaîne de victimes ridiculement interchangeables, cette nuance, cette vague et sanglante hyperbole** plus commune dans le giallo opératique que dans le slasher télévisuel, fait encore aujourd'hui gentiment distinguer le film de ses coreligionnaires boogeymeniques.
* cette élection n'occasionnant toutefois pas
un pamphlet amer à la Rambo, First Blood…
** sans doute le fait de Tom Savini qui, au sommet de son art,
tenait à ce qu'on rende justice à ses brillants effets spéciaux.
The Prowler (USA/1981), de Joseph Zito
Sortie salles françaises: 4 mai 1984.