Le problème avec le genre "vigilante"(et self-justice) n'est sans doute pas tant l'esprit douteux qui l'anime régulièrement (on peut s'en arranger voire s'en coupablement réjouir) que le peu de moyens dont il dispose pour être reçu avec le sérieux qu'il ambitionne.
Par "moyens" ne pas entendre seulement "finances" mais bien aussi "talent", "proposition", "rigueur". Nombreuses sont ainsi les productions se contentant de filer paresseusement au train d'une mode que la plupart considère par ailleurs hâtivement comme nauséabonde et fasciste.
Par "moyens" ne pas entendre seulement "finances" mais bien aussi "talent", "proposition", "rigueur". Nombreuses sont ainsi les productions se contentant de filer paresseusement au train d'une mode que la plupart considère par ailleurs hâtivement comme nauséabonde et fasciste.
Et, à sa manière, Class 1984 semble ne pas valoir mieux que les autres.
Toutefois, tout caricatural, simpliste, peu regardant et guère crédible qu'il s'avère en bien des points, le film de Lester parvient pourtant, malgré sa franche incapacité à produire un discours (à tout le moins une interrogation) du niveau d'un Orange Mécanique, à se hisser un peu plus haut que la moyenne.
En effet, malgré une ambition exagérément affichée (de la tagline "Nous sommes le futur !..." au texte inaugural du film, alarmiste et manipulateur) le titre se contente en réalité souvent d'un enfilage borné et scrupuleux de moments chocs propres au feel bad movie (le viol collectif, la scie circulaire) sans jamais rien théoriser vraiment. Mais se tient tout de même à flot "à l'énergie", surnage "au charisme" et impacte plus souvent qu'on le soupçonnerait.
En dépit d'une fréquente sensation d'extrême gratuité et au-delà des contours hautement identifiables d'un pur produit d'exploitation, le film de Lester et Holland laisserait même affleurer une façon de visionnaire certain, indéniable (les détecteurs d'armes et la vidéosurveillance scolaire).
Certaines séquences troussées se payent même le luxe d'un fort évocateur (le "parcours" du professeur de biologie, qui finit par donner un cours en braquant ses étudiants mais aussi l'auto-mutilation de Stengman se fracassant le crâne sur les lavabos) au point qu'il faille, oui, considérer l'affaire pour ce qu'elle est et non ce que, bassement elle semble: une valable observation sociétale (ce que les Bronson de la Cannon ne sont que très rarement, par exemple !).
Certes cette observation ne sera décelable qu'une fois l'affaire débarrassée de son gras dramatique (le duel Norris/Stengman, pas toujours dénué de ridicule), de ses maladroites prétentions pamphlétaires (le film n'est jamais meilleur que lorsqu'il se contente d'observer plutôt que discourir) et de ses ultimes raccourcis de violence graphique (propres au genre)*. Mais oui: Class 1984 propose quelques instantanés qui dépassent le simple racoleur ou la complaisance scénaristique, au point de faire le film rejoindre avantageusement autant Walter Hill (The Warriors) que Richard Brooks (Blackboard Jungle). Une force peut-être née fortuitement mais foutument réelle.
* un faible sound design aussi, désamorçant pas mal
de choses en termes de réalisme
de choses en termes de réalisme
(et dont sont coupables conjointement
Lalo Schifrin et Alice Cooper !!!).
Lalo Schifrin et Alice Cooper !!!).
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Class 1984(1981/USA), de Mark Lester.
Sortie française: 29 septembre 1982.