On retrouve de loin en loin, au cours de l'encore jeune Histoire du Cinéma, des films adaptés de romans qu'ils transcendent littéralement (c'est le cas de le dire !). C'est Shining revu par Kubrick, The 39 Stepsallégorisées par Hitchcock. C'est surtout Kiss Me Deadlydont l'essence de "petit noir" est portée à une incandescence proprement inouïe.
Sans que soit pour autant révolutionné le genre (du film Noir) - le titre s'en tenant à nombre de motifs, d'ingrédients et de péripéties propres à l'univers (garage, salle de boxe, club de jazz, station service, piscine de caïd, bakchiches et hommes de mains*, ...) et de moods (violence sèche, érotisme agressif...) -, Aldrich pervertit insidieusement le matériau, en le théorisant à l’extrême - plus encore qu'il ne le théâtralise simplement.
Il renonce ainsi, par exemple, à toute topographie, à toute immersion dans une carte ou un territoire, au profit d'un enfermement de tous les instants (lieux, cadres) et d'une construction labyrinthique (orchestrée à grands renforts d'escaliers, de couloirs, de portes... et d'obliques régulières).
Frottant par ailleurs son script aux métaphores bibliques (le privé ressuscite littéralement, dans des conditions christiques), mythologiques et eschatologiques (Pandora's box et tout l'toutim à la Loth), autant qu'il le fait résonner avec le climat maccarthiste (interrogatoire à orientation morale appuyée) et la trouille nucléaire (propre à la SF contemporaine), il finit de déplacer l'angle d'appréciation de la chose et l'emmène vers une totale allégorie, que chacun est en mesure de décoder comme il l'entend.
Qu'on y voit une prosaïque quoiqu'angoissante course effrénée et nihiliste vers une fin atomique des choses ou qu'on en extrait une forme abstraite et pure de toute intrigue et de toute destinée (la boîte ayant tout du MacGuffin abscons et libre d'interprétation), le film remplit son office et ne lasse pas de fasciner.
Sans que soit pour autant révolutionné le genre (du film Noir) - le titre s'en tenant à nombre de motifs, d'ingrédients et de péripéties propres à l'univers (garage, salle de boxe, club de jazz, station service, piscine de caïd, bakchiches et hommes de mains*, ...) et de moods (violence sèche, érotisme agressif...) -, Aldrich pervertit insidieusement le matériau, en le théorisant à l’extrême - plus encore qu'il ne le théâtralise simplement.
Il renonce ainsi, par exemple, à toute topographie, à toute immersion dans une carte ou un territoire, au profit d'un enfermement de tous les instants (lieux, cadres) et d'une construction labyrinthique (orchestrée à grands renforts d'escaliers, de couloirs, de portes... et d'obliques régulières).
Frottant par ailleurs son script aux métaphores bibliques (le privé ressuscite littéralement, dans des conditions christiques), mythologiques et eschatologiques (Pandora's box et tout l'toutim à la Loth), autant qu'il le fait résonner avec le climat maccarthiste (interrogatoire à orientation morale appuyée) et la trouille nucléaire (propre à la SF contemporaine), il finit de déplacer l'angle d'appréciation de la chose et l'emmène vers une totale allégorie, que chacun est en mesure de décoder comme il l'entend.
Qu'on y voit une prosaïque quoiqu'angoissante course effrénée et nihiliste vers une fin atomique des choses ou qu'on en extrait une forme abstraite et pure de toute intrigue et de toute destinée (la boîte ayant tout du MacGuffin abscons et libre d'interprétation), le film remplit son office et ne lasse pas de fasciner.
* seul le diner semble absent du "menu" !
Jocelyn Manchec
Kiss Me Deadly, 1955/USA - 106 mn Interprètes: Ralph Meeker, Albert Dekker, Paul Stewart, Marian Carr, Maxine Cooper, Cloris Leachman, Nick Dennis, Jack Elam, ... Scenario: A.I. Bezzerides d'après Mickey Spillane - Image: Ernest Laszlo - Musique: Frank de Vol - Production: Robert Aldrich - Réalisation: Robert Aldrich. |
DVD 9 – Nouveau Master Restauré Version Originale / Version Française - Sous-Titres: Français Format 1.66 respecté 16/9 compatible 4/3 Noir & Blanc / 102 mn Suppléments: DISINTEGRATION (23 mn) Comment Robert Aldrich a transcendé le film noir avec En quatrième vitesse, par Philippe Rouyer, critique de cinéma et enseignant à l’Université Paris I. . MIKE HAMMER, L’HOMME AUX MILLE VISAGES (28 mn) Larry Cohen, créateur de la série Les Envahisseurs, se remémore les adaptations au cinéma et à la télévision des aventures de Mike Hammer, notamment J’aurai ta peau dont il a écrit le scénario. + FIN CONTROVERSÉE & BANDE-ANNONCE |