Si elle est une synthèse assez goguenardement démonstrative de sa manière anglaise, un pot-pourri gourmand et roublard de ses grands moments d'outre-atlantique (on pourra y débusquer de peu discrètes allusions aux 39 Marches et à L'Homme Qui en Savait Trop, à The Manxman et à La Taverne de la Jamaïque) autant que ses hauts faits d'armes ayant nourri les plus belles heures de l'espionnite (Correspondant 17), Hitchcock entreprit aussi et surtout de mettre chèrement en boîte pour la Universal (Selznick prête son protégé à Lloyd et Sirkball) cette 5ème Colonne pour tourner une bonne fois pour toutes la page.
Soupçons ayant été mollement accueilli et l'opinion se prenant à regretter les bons vieux chase movie du réalisateur anglais, il fit payer à chacun son ticket pour se faire hurler aux oreilles: « oui, ça je sais faire, et après ? ».
Cependant, on en peut pas dire que ce faisant, le réalisateur parvint à se satisfaire pleinement.
En effet il est de notoriété qu'Hitch déplorera son casting (il voulait des vedettes pour exacerber l'empathie), imposé à son corps défendant (il trouve Cummings mariole, Lane vulgos et Kruger trop peu ambigu*), et sa somme d'idées trop peu organisées (trop de tableaux, trop de péripéties, des rapports qui auraient gagné à être inversés).
Pourtant la production se montre excitante en bien des instants, entre expressionnisme inaugural (les scènes d'usine) et acmé final (sur la Statue de la Liberté) plastiquement renversant (surtout pour Fry !), en passant par des séquences aussi savoureuses (la caravane des Freaks) qu'étourdissantes (le bal de Miss Sutton), aussi bien que par des clins d'œils parfaitement vivifiants (la scène de l'aveugle a tout de La Fiancée de Frankenstein !).
Brouillon honorable de La Mort aux Trousses, le titre ne mérite pas tant l'opprobre dont le couvre son auteur, certes déçu en bien des points, mais injuste à force de rancœurs.
Non, sans charre les aminches: c'est à voir ou à revoir !