Nul doute qu’à cette question les médecins (et vétérinaires !) de Times Square auraient préféré entendre la réponse des Deschiens : du fromage de chez Morel.
Au lieu de ça, la malle en osier contient donc Martial*, le frère siamois monstrueux, télépathe et vengeur, sorte de tête hurlante avec des bras (qui cette fois-ci fait songer à cet autre gimmick : c’est un mec, c’est qu’une tête, alors c’est son anniversaire, il ouvre son cadeau et il dit : oh, un chapeau !) et qui entend châtier tous ces odieux toubibs qui l’ont « détaché » (illégalement) de Frank , lui « le calamar écrabouillé » que son père voulait baptiser « déchet » ou « pourriture ».
Par instants, le titre rejoint sans peine Le Monstre est vivant de Larry Cohen mais, de manière assez inattendue, aussi l’ET de Spielberg (pour toute la dimension fusionnelle/télépathique mais aussi le « goût du bricolage »). Il s’avère surtout un truc passablement alternatif (et fauché !), plein de mauvais goût, d’outrances et de vulgarité assumées (le tournage dans les bouges interlopes du New-York d’avant Giuliani appuie ce mood salingue ).
Sordide et comique à la fois, délicieusement grotesque, le film revêt tous les atours du culte, notion pourtant régulièrement galvaudée, et demeure un jalon gore jamais démenti.
Et en bonus un autre texte par Manchec signé, cinq ans plus tôt:
Effets spéciaux rudimentaires (parfois ridicules, parfois plus ridicules encore), script/prétexte anémique et volontiers potache n'occasionnant que répétitions (combien de fois le moustachu et en-marcelé gérant de l'hôtel Broslin ne doit-il pas gravir quatre à quatres les marches de son bouge miteux jusqu'aux étages hurlants ?!), direction d'acteurs inexistante, (la palme au falot Van Hentenryck, qui sera pourtant de tous les génériques du réalisateur !?), budget plus que famélique (on aime à colporter, apocryphement bien sûr, que la plupart des séquences ne pouvaient souffrir de seconde prise (en 16mm pourtant, gonflé ensuite) et outrances à tous les rayons, ce brûlot inévitablement culte, au mauvais goût ultime et à la facture la plus crados qui soit s'est toujours distingué d'œuvres qu'on a souvent voulu lui achoppé comme congénères (les films Troma, par exemple), alors que c'est bien plus la rencontre d'un Abel Ferrara et d'un John waters (les deux à la première manière) qui se donne sous l'objectif débile et foutraque de Frank Henenlotter.
Animé par une farouche volonté indie (il ne cédera jamais aux appels des majors même si les budgets ridicules brideront fatalement ses ambitions) et une provocation vacharde inextinguible, il propose avec ce titre (premier d'une trilogie thématique, mais aussi premier d'un triptyque grotesque et megagore méritant considération: Basket Case– Brain Damage– Frankenhooker) un pendant dégénéré au Sisters de De Palma autant qu'un authentique et vibrant hommage au pionnier du gore, Hershell Gordon Lewis (et un rejeton aussi dérangeant que celui imaginé par Larry Cohen à l'occasion de son aussi culte et éprouvant It's Alive ! *).
Bruyant, furieux (la bande-annonce du truc me mit longtemps mal à l'aise, ado, en salle où vous savez) et ouvertement nasty, cette plongée gratuite dans l'horreur vengeresse, le fétichisme scandaleux (plus contre-nature que ça, il n'y aura que Brian Yuzna et son indépassable Society) et la plèbe interlope d'un New York fait de putes, d'ivrognes et de dealers, tous plus sympathiques les uns que les autres (ah, on n'est pas dans les anxiogènes (et chefdoeuvresques) Maniac ou MS 45) est assurément une date dans la brève histoire du gore en tant qu'authentique genre subversif (il mutera vite -hélas !- en manière opportuniste ou en chose ironiquement distanciée), autant que les primes fulgurances d'un Sam Raimi (moins urbain) ou de celles, plus oneshoteuses d'un Jim Muro (son futur Street Trash ne peut que se revendiquer du patronage de Belial, l'abjection braillarde et latexée faite intransigeant frérot)...
Animé par une farouche volonté indie (il ne cédera jamais aux appels des majors même si les budgets ridicules brideront fatalement ses ambitions) et une provocation vacharde inextinguible, il propose avec ce titre (premier d'une trilogie thématique, mais aussi premier d'un triptyque grotesque et megagore méritant considération: Basket Case– Brain Damage– Frankenhooker) un pendant dégénéré au Sisters de De Palma autant qu'un authentique et vibrant hommage au pionnier du gore, Hershell Gordon Lewis (et un rejeton aussi dérangeant que celui imaginé par Larry Cohen à l'occasion de son aussi culte et éprouvant It's Alive ! *).
Bruyant, furieux (la bande-annonce du truc me mit longtemps mal à l'aise, ado, en salle où vous savez) et ouvertement nasty, cette plongée gratuite dans l'horreur vengeresse, le fétichisme scandaleux (plus contre-nature que ça, il n'y aura que Brian Yuzna et son indépassable Society) et la plèbe interlope d'un New York fait de putes, d'ivrognes et de dealers, tous plus sympathiques les uns que les autres (ah, on n'est pas dans les anxiogènes (et chefdoeuvresques) Maniac ou MS 45) est assurément une date dans la brève histoire du gore en tant qu'authentique genre subversif (il mutera vite -hélas !- en manière opportuniste ou en chose ironiquement distanciée), autant que les primes fulgurances d'un Sam Raimi (moins urbain) ou de celles, plus oneshoteuses d'un Jim Muro (son futur Street Trash ne peut que se revendiquer du patronage de Belial, l'abjection braillarde et latexée faite intransigeant frérot)...
* Belial en VO
Basket Case, 1982/USA - Frank Henenlotter.