On a tort de croire que, essentiellement Isaac Hayes ne fut, sur grand écran, que le Duke (in New York 1997). Il fut aussi, et préalablement, le Truck. Truck Turner, nigger bounty hunter « sentant la pisse » (sic) et ne prenant pas soin de ses LP d'Otis Redding (le 33T de The Immortal surtout).
En pleine bourre blacksploitation, popularisée par Shaft ou Coffy mais aussi par ce pur blanc-bec de Larry Cohen*, cette production où les téléphones sonnent (en toutes occasions!) comme dans un épisode de Starsky & Hutch se voit tôt respecter scrupuleusement un cahier des charges chaloupées sans doute rédigé par Huggy-les-Bons-Tuyaux himself.
Te frotte pas à cette pute assène Jerry son adjoint (Aalan Weeks, un genre de Dean Stockwell black). On trouve le coq grâce à ses poules, lui balance Truck (qui est quand même un putain d'affranchi. Cool, mais affranchi) avant que la charley ne démarre et que la flûte traversière parte en volutes et convoque les nappes de violons, très production Spelling (BO d'Isaac en personne, of course).
Mais passée l'ambiance, tout est effectivement très... télévisuel et guère plus.
Poursuites, cascades, cadrages et situations, trognes (malgré les toujours plaisants Dick Miller et Scatman Crothers) et enjeux (vite cartoonesques lors du dernier tiers) ne dépassent jamais vraiment les livraisons d'un Michael Schulz ou d'un William Crain.
Le film est d'ailleurs particulièrement inoffensif, d'une retenue inaccoutumée dans un genre qui a tôt fait, usually, de voir les boobs de Pam Grier surgir derrière la moindre porte ou le sang couler à flot après une décharge de shotgun en plein buffet d'un nigger badass (Gator se fait bien descendre en slow motion à la 37ème minute et une de ses filles plante bien des ciseaux monstrueux dans une épaule en représailles mais c'est tout de même bien chiche).
On est davantage dans une énergie de buddy movie qu'autre chose et trop peu de choses viendront transcender ce doux état de fait**. Même le wild sex appeal d'Annazette Chase la régulière de Truck, que la caméra ellipse scandaleusement au profit d'un plan sur un grassouillet greffier rouquemoute répondant au nom de Francis !***
* Black Caesar (73), Hell Up in Harlem (73 too).
A noter que le réalisateur de ce présent Truck Turner
est également bien pâle de teint...
** en dehors de la fugacement roborative
scène des funérailles de Gator, joliment carabinée
et occasion de voir (enfin) arriver Yaphet Kotto
– un pétard mouillé cela dit, malgré les costards.
*** le matou ne perd cependant rien pour attendre !
*** le matou ne perd cependant rien pour attendre !
Truck Turner (USA/1974), de Jonathan Kaplan
Sortie française: 7 avril 1976