L'enjeu majeur de Retour vers le Futur, quand bien même le film repose sur un fantasme technique aux applications infinies (le voyage dans le temps et la possibilité de "modifier l'Histoire"), relève de la sphère intime et, ainsi, parle à chacun des spectateurs (bien plus que ne le feront les volets ultérieurs, apparemment plus mécaniques*): "qui étaient mes parents ?" s'interroge-t-il et, partant, "qui suis-je ?".
Malgré tout l’apparat technoïde de l'aventure (jargonnage et impératifs scientifiques) et nonobstant les contraintes rythmiques imposées (course contre la montre perpétuelle), le titre se montre rien moins que brillant (prenant - autant qu'il lui est permis - le temps de la délicatesse plutôt que de la stricte efficacité) dans ce rapport du futur fils à ses proto-parents.
Film Spielbergien s'il en est, il donne une nouvelle fois (après ET, Gremlins, Les Goonies et j'en passe) l'occasion à un kid de "corriger" sa famille, de lui suppléer pour la sortir de la piètre situation dans laquelle elle s'est enfermée**.
Pop-corn movie en diable, le film n'a d'ailleurs de sens que parce qu'il évacue tout point de vue adulte et se concentre bel et bien sur le regard d'un teenager et la responsabilité qu'on lui fait peser sur les épaules (ce qui lui vaudra une injuste mésestime de la part d'une critique officielle (qui n'y verra que virtuosité de récit et fun à bon compte), voyant plus clair dans le jeu adultément critique d'un Joe Dante par exemple).
Fatalement, dès lors, générationnel (mais débarrassé paradoxalement de tout passéisme, de type American Graffiti) le script de Gale et Zemeckis, pour extrêmement précis et efficient qu'il est (pas un plan, pas une ligne qui ne serve pas, qui n'ai pas d'utile écho), offre - en creux ? - une vibration qui le distingue des autres productions contemporaines mais que travailleront quelques productions ultérieures (le Peggy Sue Got Married de Coppola).
* davantage dévolu à un récit faster, better, stronger, le #2 délaisse un peu (un peu seulement)
les enjeux personnels - à tout le moins ne les orchestrent-ils que s'ils servent
une efficacité de récit virtuose et tout en abimes.
** "l'héritage" est une donnée essentielle du cinéma fantastique US 80's: cette génération des enfants de la Corée ou du Viet-nam refuse de devoir payer la note "des choix" de ses parents.
Les Griffes de la Nuit de Wes Craven est absolument explicite à ce sujet.
Back to the Futurene l'est pas moins.
Source VHS: VHSdb (steb)