A la seule lecture du plot de La Forêt d'Emeraude(inspirant l'unique certitude que l'affaire sera initiatique (le choc des cultures l'imposant)), on pourrait énumérer, tel Cyrano vous savez quoi, les tonalités de traitement possibles.
Elégiaque, façon Malick ?
Rough comme tout bon survival forestier (Delivrance, Sans Retour,... Apocalypto) ?
Mystique tripé, tel ceusses de Coppola (Apocalypse Now) ou Herzog (Fitzcarraldo, Aguirre) ?
The Emerald Forest est tout à la fois, et sans doute plus encore (un brulôt écolo par ramenard (pas Avatar ?)). Enchanteresse, cauchemardesque, renversante de beauté et minante de pessimisme, la quête mise en scène par le réalisateur ès espaces (et mis en images par un Rousselot visiblement tout aussi inspiré que chez Beineix ou, plus tard, Burton), le metteur en scène des dualités, du sacré s'effondrant et de la mégalomanie punie qu'est John Boorman, et portée par le trop rare Powers Boothe (et le plus rare encore Charley Boorman*) est une plongée envoûtante, un rite hypnotisant, une parabole poignante et un putain de film d'aventures à la fois qui, passée sa côte Starfixienne de 85 a un peu perdu de sa notoriété aujourd'hui (il est vrai que les maigrelettes rééditions en DVD n'aident pas à regagner les galons).
Rythme, immersions, équilibre, découpage, ton, visions,... tout concourt à faire de ce titre une petite merveille d'équilibre (le mièvre et la pénible thèse étaient possibles, le spectaculaire gratuit aussi. Ils sont miraculeusement contournés, dépassés), de vivacité et d'intensité proprement revigorante.
* et pour cause le rejeton, moins joli qu'avant,
s'est fait (entre autres) biker pour le Dakar ?!