Ce Deliverance-like joue à plein la maussade auto-critique d'une mâle bourgeoisie et remue volontiers le couteau dans les récentes plaies de l'Amérique: cinq toubibs plein d'éthique malmenée et de souvenirs de la Corée s'en vont taquiner le goujon dans un no man's land du bout du monde, ancien territoire aussi mystique qu'indien (le Chaudron de la Lune) et se heurtent à la dureté de la Nature (et l'hostilité de sauvages locaux). Ce qui rapproche le film aussi de Voyage au Bout de l'Enfer.
Une fois circonscrits les contours de cette oeuvrette autant opportuniste qu'elle s'avère amère (l'ambiance n'est pas longtemps à la franche camaraderie) et envisagé le malaise qui règnera une heure trente durant, restera à l'amateur affranchi l'occasion de distinguer le film d'un cinéaste de celui d'un petit technicien le nez collé sur son script paranoïaque (par trop teinté, au passage, de whodunit boggeymenesque*): la structure narrative du présent titre ainsi que la mise en forme et en articulations de ses différents épisodes, malgré une correcte mobilité de caméra, n'ont pas l'ampleur nécessaire ni le lyrisme ni, bien sûr, la résonance de ses modèles*.
Mais il devra reconnaître aussi qu'un malaise assez égal transpire des deux types de productions (la bonne et la moins bonne) tant le dispositif du survival en lui-même permet (à l'instar du rape-and-revenge, autre sous-genre bigrement feel-bad) de faire voler en éclats le vernis de la civilisation et de nous mettre en prise avec le monstre caché en chacun de nous. La culpabilité taraude en effet chaque situation et renvoie chacun à sa propre lâcheté, ses propres manquements et trahisons, sa propre colère...
* il est très chiant et passablement contre-productif
d'ignorer tout au long du film qui est le "chasseur"...
pour d'ailleurs déboucher sur une bien bête "vendetta militaro-médicale",
sorte d'improbable pont jeté entre The Prowler et Reeker.
Rituals (USA/1977), de Peter Carter
Sortie française: ??? 1978