Harvey Milk rejoint la liste des personnalités de l'Histoire americano-américaine dont nous autres, philistins européens, n'avions jamais entendu parler avant que de bienheureux biopics « à leur gloire » ne soient entrepris (Lenny Bruce, Larry Flint, Andy Kaufman, … entre autres, le précédant).
J'ai personnellement peu de souvenirs de 1978 d'un point de vue international (autre que la Coupe du Monde en Argentine, et encore c'est surtout grâce au T-shirt de mon ami Benoît) mais il y a fort à parier que peu d'entre les français en « âge de savoir »* alors eut pu m'affranchir quant à la quête de l'activiste gay et sa Némesis proto-Boutin, la « chanteuse » hystériquement homophobe Anita Bryant.
La lacune est donc comblée avec cette belle occasion de voir une poignée d'acteurs donner le meilleur d'eux-même (et plus que Sean Penn, c'est surtout James Franco et Emile Hirsch qui m'ont enthousiasmé, à égale mesure avec Josh Brolin... mais est-ce une surprise ?) dans un biopic à la forme toutefois engoncée dans les poncifs du genre (ah, les cartons avec dates ! ah, la narration structurée de bout en bout par un témoignage truffé de flashbacks ! ah encore, le recours aux images d'archives immersives (et économiques) !) : on sait enfin qui est Harvey Milk.
Et on s'en veut de ne pas avoir connu son « histoire » plus tôt, tant elle est riche et surtout d'une folle actualité (de la Manif Pour Tous à Je Suis Charlie).
Mais le film de Van Sant, calibré comme le genre l'impose et tout consacré à son casting, laisse cependant trop de zones d'ombre dramatiques à mon goût, ne traite pas tous les points avec une égale précision (on ignore ce que Bryant disait de Milk, à quel point elle le considérait (ou pas), et le parcours du sénateur Briggs n'est pas non plus assez dessiné).
D'abord cantonné à un quartier (le Castro) et une personne, le film peine à nous faire resentir l'élargissement de la cause de Milk. A force d'humanité et de bienveillance dans le portrait, le film finit par manquer d'ampleur et de résonance. Et ce malgré ses 30 000 candles in the wind.
* autre que les fans des Clash et des Dead Kennedys ?
Harvey Milk (USA/2008), de Gus Van Sant
Sortie française : 4 mars 2009