L'Homme Qui en Savait Trop

Un rien trop elliptique, pour le profane, dans son récit (quoique ses enjeux politiques soient, eux, parfaitement lisibles), cette première version du Man qui Knew Too Much, haut et populaire fait d'un « amateur talentueux », offre en contrepartie un caravansérail graphique du meilleur tonneau, le gros Zitch sachant déjà fort bien instiller de fétichisme là où il est le bienvenu (l'épatante scène du dentiste), articuler ses plans en des enchaînements virtuoses (le concert à l'Albert Hall), aussi bien qu'il impose déjà une signature tout à fait identifiable en proposant d'éparses minutes à l'humour incongru (la cérémonie du Tabernacle du Soleil)*.


Le siège final (inspiré d'un authentique fait divers londonien de l'hiver 1911) est un autre morceau de bravoure plastique (absent du remake de 56) qui contrebalance avec le peu d'épaisseur des personnages (Peter Lorre, même si magnétique, est pour le moins abscons).

La cantate du compositeur Arthur Benjamin (un fidèle d'Alexandre Korda) sera conservée par un Bernard Herrmann admiratif 22 ans plus tard. 80 ans plus tard, c'est du film entier dont on ne peut être qu'admiratif.