
Audace colpo dei soliti ignoti, 1960/Italie, canonné par Nicolas Tellop.
Réalisé en 1960, le film de Nanni Loy est l’aboutissement d’un dialogue échangé des deux côtés de l’Atlantique, et dont on peut grossièrement remonter le fil : Hold-up à la milanaise est la suite du célèbre Pigeon de Mario Monicelli (1958), qui est lui-même une sorte de parodie de Du Rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955), qui s’inspirait de son côté d’Asphalt Jungle de John Huston (1950), dans lequel on voyait les personnages plier sous le poids d’une fatalité héritée de la tragédie antique. La réalité de la société italienne populaire des années 60 se conjugue à la mythologie du rêve américain véhiculée par le cinéma hollywoodien des fifties : on y retrouve des strip-teaseuses, des voitures surpuissantes, des désirs d’évasion au Mexique, du jazz et en particulier la trompette de Chet Baker dirigée par l’impeccable Piero Umiliani…
Dans cette partie de ping-pong échangée entre la vieille Europe et le Nouveau Monde, c’est la figure du destin qui joue le rôle de la balle. A chaque fois, l’action repose sur un plan de braquage minutieusement préparé par les protagonistes (« sc… sc… scientifiquement », comme le dit difficilement Vittorio Gassman), mais que le sort balaie d’un revers de la main. A chaque fois, l’homme croit être plus fort que la machine infernale dont il n’est pourtant qu’un des rouages écrasé par d’autres plus puissants. Mais là où les films noirs de Huston et Dassin suintaient de désespoir à chaque plan, le diptyque italien rayonne de bonne humeur. La tragédie antique y retrouve son foyer méditerranéen, et par la même occasion elle transfigure la peinture pathétique de la nature humaine en chant d’allégresse, hymne à la jubilation de perdre et à la joie éprouvée jusque dans la misère. La mécanique tragique a laissé place à la mécanique burlesque, et là où le destin semble barrer le chemin des protagonistes, le rire les fait avancer malgré tout.
Même quand on est prêt à succomber à la fatalité de sa chair, comme l’inénarrable Carlo Pisacane à la fin du film, c’est à la faveur d’un festin rabelaisien, digne d’un jour de fête. Les personnages ne sont pas des héros, ils ne parviendront jamais à réussir un coup digne de ce nom, ils n’accéderont en aucun cas à une vie meilleure, pas plus qu’ils nous font espérer à un ailleurs que la réussite serait capable de conquérir, mais ils nous apprennent à nous contenter de notre existence et à rire de nos déboires. La fatalité n’est pas une souffrance, c’est un gag. Rien ne sert de regarder dans un miroir si le danger nous guette, puisqu’il est déjà à nos côtés. A la suite de Borges, Hold-up à la milanaise nous révèle que la défaite est supérieure à la victoire, non parce qu’elle possède une dignité qui lui serait plus riche, mais parce qu’elle se console avec de furieux éclats de rire.
Même quand on est prêt à succomber à la fatalité de sa chair, comme l’inénarrable Carlo Pisacane à la fin du film, c’est à la faveur d’un festin rabelaisien, digne d’un jour de fête. Les personnages ne sont pas des héros, ils ne parviendront jamais à réussir un coup digne de ce nom, ils n’accéderont en aucun cas à une vie meilleure, pas plus qu’ils nous font espérer à un ailleurs que la réussite serait capable de conquérir, mais ils nous apprennent à nous contenter de notre existence et à rire de nos déboires. La fatalité n’est pas une souffrance, c’est un gag. Rien ne sert de regarder dans un miroir si le danger nous guette, puisqu’il est déjà à nos côtés. A la suite de Borges, Hold-up à la milanaise nous révèle que la défaite est supérieure à la victoire, non parce qu’elle possède une dignité qui lui serait plus riche, mais parce qu’elle se console avec de furieux éclats de rire.
Alors que dans le film les barres d’immeubles fleurissent pour accueillir la classe moyenne et que la ville conquiert chaque jour davantage des morceaux d’asphalte sur la nature, les losers sont les vrais gagnants de la modernité, puisqu’ils conservent l’authenticité de leur identité.
Interprètes: Vittorio Gassman,Claudia Cardinale, Renato Salvatori, Riccardo Garrone, Nino Manfredi, Carlo Pisacane,Vicky Ludovici,... Scenario: Agenore Incrocci, Furio Scarpelli & Nanni Loy- Image: Roberto Gerardi - Musique: Piero Umiliani - Production: Franco Cristaldi - Réalisation: Nanni Loy. Sortie française: 10 août 1962 |

Film disponible chez 105 min - 16/9 - 1:33 - Noir & Blanc restauré - VO / VF restaurées Présentation Patrick Brion et Jean Gilli + documentaire |
L'AVIS DE L'EQUIPAGE
Manchec EdouardS Tellop Frank T.Chance Orlof Loeb Sonic Deslices K.Roy Lemarchand
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