Dark Star

Le Dark Star est un vaisseau spatial dont les membres d'équipage ont pour mission de détruire des planètes lointaines instables et dont l'orbite risque de dévier vers leur étoile et déclencher des supernovae. Exerçant cette activité depuis vingt ans, l'équipage a basculé lentement dans l'ennui. Une avarie se produit alors…  

Dark Star, 1974/USA, canonné par Manchec.

Avec le recul, il est assez aisé de convenir que le premier effort de John Carpenter et de Dan O'Bannon (Dark Star est un film de fins d'études) jette un pont rigolard entre 2001 et Alien.
Cependant, en 1974, Alien n'existait pas (tout au plus était-il en germes dans l'esprit enfumé d'O'Bannon, son futur scénariste). La SF spatiale se résumait quasiment (pour faire court*) au film de Kubrick et à la série Star Trek. 

Aussi est-il assez confondant de voir que Dark Starégrène (sur un mode parodique littéralement from outer space !) un certains nombre de motifs et de situations (et pas seulement la poursuite "aveugle" d'un alien dans les entrailles d'un vaisseau l'ayant recueilli) qu'il préfigure en réalité plus qu'il ne spoofe simplement. 

A ce titre, et si on veut bien se départir du régulier  potache/hippie (parfois vieilli) de l'affaire, cette pellicule n'est rien moins que visionnaire. Presque autant que son modèle "moqué", 2001**.

Il sera en outre assez étonnant de se figurer qu'avec une telle première oeuvre, Carpenter soit à jamais resté un franc-tireur, off-system, et n'aura pas été amalgamé au gang des barbus cinéphiles d'alors: Coppola, Lucas, Scorsese, DePalma, Spielberg (qui ne l'était pas encore, barbu) ou Milius - Milius avec qui le film partage jusqu'à la surf attitude, aux préoccupations et univers proches.

Lucas devait ainsi, et pour ne proposer qu'une seule et symbolique comparaison, signer en 1971 avec THX 1138 un remake d'un de ses courts "d'études"à l'USC sous haute influ Orwelliene, tandis que Big John, étudiant dans la même école devait se voir gonfler, trois ans plus tard, l'un de ses propres courts sous une double influence Kubricko-Beckettienne, le réalisateur tenant son oeuvre pour un "En Attendant Godot dans l'espace"....
Mais, au delà des cursus et des cultures, les trajectoires, comme chacun sait, furent ensuite toutes autres (Carpenter n'arborera jamais, unique concession pileuse, qu'une moustache !)... pour le meilleur et le pire.