Ainsi il ne sera pas dit que seules les Dernières Séances de Schmoll et Jourd'hui (joker sur La Séquence du Spectateur, voulez vous ?) auront télévisuellement nourri notre cinéphilie.
En effet, nous revient en mémoire une certaine soirée d'Halloween Artesienne, voilà une grosse dizaine d'années, qui nous fit découvrir une merveille, autant qu'elle nous occasionna un durable choc, en programmant avec pertinence (et le goût que l'on sait) Carnival of Souls.
Véritable choc esthétique, historique, onirique et philosophique, le film de Herk Harvey rassemblait (et rassemble aujourd'hui plus que jamais !) nombre de points absolument fondamentaux pour notre forme de cinéphilie.
Ainsi, 7 ans avant le chef d'œuvre flesheateux qui devait définir l'horreur moderne, la Romerienne Nuit des Morts Vivants, avait donc déjà éclos, de manière parfaitement (et injustement) confidentielle, une œuvre portant les germes nécessaires à une nouvelle ère du film à frissons.
Sorte de Petit Fugitif* de la trouille, le film de Clifford (le scénariste) et Harvey, en s'imprégnant d'un fantastique à l'américaine (La Quatrième Dimension est ainsi convoquée par les ressemblances, fortuites dit-on, avec le 16ème épisode de la première saison de la série mythique de Rod Serling, The Hitch-Hiker**, mais la nouvelle Ce Qui se Passa sur le Pont de Owl Creek d'Ambrose Bierce ne peut être écartée !) autant qu'en prenant en compte les intenses audaces européennes (se revendiquant du fantastique à la Cocteau et du Symbolisme de Bergman, tandis que l'on songera aussi, d'une certaine manière, à Antonioni) et en précédant d'autres (le film préfigurera presque les premiers films de Polanski (Répulsion en tête) en centralisant dans son récit une tension sexuelle proche de la rupture névrotique), se pose comme un jalon d'une rare finesse et d'une stupéfiante acuité dont la résonance durable ira nourrir les imaginaires d'un Romero donc, mais aussi, plus loin, d'un Coppola (et son aqueux Dementia 13), d'un Burton et d'un Lynch (pas de doute !)***.
Mâtinant le gothique ambiant de l'époque (il en demeure des traces dans certaines plongées d'appareils sur orgues cormaniens) de série B contemporaine (comment faire de l'effet sans budget), rompant, fort d'un bon coeur évident contrant la piètre fortune, avec les méthodes de studio pour gagner en liberté (de ton, de forme), le titre d'Harvey se montre avant tout une expérience sensitive indéniable (la réalisation du film fut d'ailleurs motivée par la découverte de la fête foraine abandonnée près de Salt Lake City et des sensations « étranges » provoquées par ce lieu) et authentiquement renversante.
Ambiances remarquables (l'impeccable partoche de Gene Moore !), composition plastique épatante (rien n'est bâclé ni filmé à la va comme je te shoote), tonalités dérangeantes, équilibre stupéfiant (entre onirisme, paranoïa, thrilling, ...), découpage ad hoc... tout concourt à faire de ce métrage une œuvre culte (au sens premier du terme !) et discrètement majeure, parfait nanan pour cinéphiles aussi genreux qu'exigents (ils sont plus rares, ils existent néanmoins, j'en ai rencontré !).
En effet, nous revient en mémoire une certaine soirée d'Halloween Artesienne, voilà une grosse dizaine d'années, qui nous fit découvrir une merveille, autant qu'elle nous occasionna un durable choc, en programmant avec pertinence (et le goût que l'on sait) Carnival of Souls.
Véritable choc esthétique, historique, onirique et philosophique, le film de Herk Harvey rassemblait (et rassemble aujourd'hui plus que jamais !) nombre de points absolument fondamentaux pour notre forme de cinéphilie.
Ainsi, 7 ans avant le chef d'œuvre flesheateux qui devait définir l'horreur moderne, la Romerienne Nuit des Morts Vivants, avait donc déjà éclos, de manière parfaitement (et injustement) confidentielle, une œuvre portant les germes nécessaires à une nouvelle ère du film à frissons.
Sorte de Petit Fugitif* de la trouille, le film de Clifford (le scénariste) et Harvey, en s'imprégnant d'un fantastique à l'américaine (La Quatrième Dimension est ainsi convoquée par les ressemblances, fortuites dit-on, avec le 16ème épisode de la première saison de la série mythique de Rod Serling, The Hitch-Hiker**, mais la nouvelle Ce Qui se Passa sur le Pont de Owl Creek d'Ambrose Bierce ne peut être écartée !) autant qu'en prenant en compte les intenses audaces européennes (se revendiquant du fantastique à la Cocteau et du Symbolisme de Bergman, tandis que l'on songera aussi, d'une certaine manière, à Antonioni) et en précédant d'autres (le film préfigurera presque les premiers films de Polanski (Répulsion en tête) en centralisant dans son récit une tension sexuelle proche de la rupture névrotique), se pose comme un jalon d'une rare finesse et d'une stupéfiante acuité dont la résonance durable ira nourrir les imaginaires d'un Romero donc, mais aussi, plus loin, d'un Coppola (et son aqueux Dementia 13), d'un Burton et d'un Lynch (pas de doute !)***.
Mâtinant le gothique ambiant de l'époque (il en demeure des traces dans certaines plongées d'appareils sur orgues cormaniens) de série B contemporaine (comment faire de l'effet sans budget), rompant, fort d'un bon coeur évident contrant la piètre fortune, avec les méthodes de studio pour gagner en liberté (de ton, de forme), le titre d'Harvey se montre avant tout une expérience sensitive indéniable (la réalisation du film fut d'ailleurs motivée par la découverte de la fête foraine abandonnée près de Salt Lake City et des sensations « étranges » provoquées par ce lieu) et authentiquement renversante.
Ambiances remarquables (l'impeccable partoche de Gene Moore !), composition plastique épatante (rien n'est bâclé ni filmé à la va comme je te shoote), tonalités dérangeantes, équilibre stupéfiant (entre onirisme, paranoïa, thrilling, ...), découpage ad hoc... tout concourt à faire de ce métrage une œuvre culte (au sens premier du terme !) et discrètement majeure, parfait nanan pour cinéphiles aussi genreux qu'exigents (ils sont plus rares, ils existent néanmoins, j'en ai rencontré !).
* soit un titre isolé, authentique proto- (qui s'ignore)
à un ultérieur et influent courant (voir note prochaine !)
à un ultérieur et influent courant (voir note prochaine !)
** épisode basé sur une pièce radiophonique de Lucille Fletcher
que déclama Orson Welles sur les ondes en 42
et qu'Hitchcock essaya, en vain pour cause de radinerie,
d'acheter pour sa propre série Alfred Hitchcock Présente.
que déclama Orson Welles sur les ondes en 42
et qu'Hitchcock essaya, en vain pour cause de radinerie,
d'acheter pour sa propre série Alfred Hitchcock Présente.
*** On pousse de nos jours le bouchon jusqu'aux twisteries
façon Sixth Sense ou The Others, mais elles nous apparaissent
d'une pertinence myope, usant de hâtifs raccourcis.
La révélation finale de COS ne satisfaisait d'ailleurs que peu
le tandem Clifford-Harvey, plus concerné par les ambiances que la narration,
alors qu'elle offre pourtant une tragique réévaluation quasi-psychanalytique
des situations l'ayant précédée (surtout au contact du voisin concupiscent !)
façon Sixth Sense ou The Others, mais elles nous apparaissent
d'une pertinence myope, usant de hâtifs raccourcis.
La révélation finale de COS ne satisfaisait d'ailleurs que peu
le tandem Clifford-Harvey, plus concerné par les ambiances que la narration,
alors qu'elle offre pourtant une tragique réévaluation quasi-psychanalytique
des situations l'ayant précédée (surtout au contact du voisin concupiscent !)
Carnival of Souls (USA/1962), de Herk Harvey.
(précédemment vu chez LE CHAT QUI FUME)