Son extrême, son exhaustive, sa fervente et trans-générationnelle popularité ne repose sur rien (ou si peu: des on dit, de vagues et informels témoignages) et nous ne le verrons jamais rien faire d'autre que pour son propre plaisir, ses propres caprices (fussent-ils motivés par une antienne - devenue culte - qui se défend: life moves pretty fast. If you don't stop and look around once in a while, you could miss it) tout au long du film.
Cette popularité, toute théorique donc - et quasiment un personnage à part entière -, est sans doute avant tout la perception qu'en a sa petite sœur : un truc énorme, incontournable, envahissant, délirant, fantastique, ... cauchemardesque. Et qui l'étouffe.
Cette popularité, toute théorique donc - et quasiment un personnage à part entière -, est sans doute avant tout la perception qu'en a sa petite sœur : un truc énorme, incontournable, envahissant, délirant, fantastique, ... cauchemardesque. Et qui l'étouffe.
Pourquoi d'ailleurs aimons-nous tant ce film de John Hughes, pas si en dessous de Breakfast Club (malgré la prime impression) ?
Pour cette sœur étouffée justement (Jennifer Grey, très bonne dans l'hystérie de la frustration) ? Pour ce surgé humilié (Jeffrey Jones, grandiose*) ? Pour ce junkie plus psychologue que tous les autres (Charlie Sheen dans un caméo touchant, quasi coppolien) ?
Pour cette sœur étouffée justement (Jennifer Grey, très bonne dans l'hystérie de la frustration) ? Pour ce surgé humilié (Jeffrey Jones, grandiose*) ? Pour ce junkie plus psychologue que tous les autres (Charlie Sheen dans un caméo touchant, quasi coppolien) ?
Ou encore parce que Ferris est décidément trop cool (Broderick très au service d'un rôle quasi abstrait**) ou parce que Cameron (Alan Ruck, sensationnel de fragilité) l'est si peu ? Pour tout ça à la fois sans doute.
Car l’aréopage présenté n'est d'ailleurs pas si éloigné de la palette retenue à Shermer High School, à peine moins typé. C'est la distribution fonctionnelle qui diffère et le parti pris d'opposer certains aux autres dans la mécanique comique du film (car, cette fois-ci, la prod est une authentique comédie). Mais les conclusions (sur l'adolescence voire la Vie, avec un grand V) sont les mêmes.
Et lorsque Ferris fait un play-back de Twist and Shout dans une parade dans les rues de Chicago, on ne tient pas tant un point d'orgue, chorégraphique et bienheureux, d'audace toute Buellerique qu'un moment extrêmement émouvant de libération, de grâce inopinée dans une existence par ailleurs terriblement balisée (l'affiche française retient d'ailleurs ce point de la rupture « heureuse » avec le troupeau), même pour l'ado débrouillard et fan de Damned, Bryan Ferry (?!) et Cabaret Voltaire (re-?!)*** qu'est Ferris.
* le casting des seconds rôles est aussi hautement savoureux,
mentions spéciales aux sensationnels Edie McClurg (la secrétaire de Rooney, au brushing crayonvore) et Ben Stein (le prof d'éco lymphatique).
Les parents de Ferris sont moins réussis et Mia Sara juste bonne, mais pas plus.
** impression appuyée par le fait que tout ce dont il jouit
lors de sa folle journée est bien peu réaliste :
une parade en pleine semaine (à laquelle assiste des gosses) ?,
un match de base-ball en pleine journée de semaine (retransmis à la télé) ?
Même le gag du restaurant, du fait de sa durée,
de son entièreté (les gens dont il a pris la place ne viendront
donc pas déjeuner ? What a luck !)
*** posters in da room.
Ferris Bueller's Day Off (USA/1986), de John Hughes
Sortie française : 17 décembre 1986