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Channel: ABORDAGES, le cinéma scandaleusement pris par la quille
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Walk the Line

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Le biopic ne jouit pas souvent, dans notre colonne, du meilleur accueil. 
La faute en premiers lieux à des axes cinématographiques parmi ceux nous touchant le moins et dont la performance d'acteur induite ainsi que l'autoritarisme scénaristique qu'impose naturellement l'exercice n'étant pas à nos yeux vinaigrés les plus ingurgitables.
Soyons honnêtes: le genre en lui même complique fatalement sa propre tâche: rendre compte "artistiquement", "dramaturgiquement" de quelqu'un, d'un épisode, d'un parcours... réels !
Que faire alors ? Se focaliser sur une tranche de vie ? S'en tenir à un axe, une thématique à la symbolique forte (ou, à défaut, appuyée) ? Traquer le fondateur, expliquer ? Saisir l'énergie ou une époque, un contexte ?
Sur le papier, vous voyez bien, j'invente rien: c'est déjà le mess. Seules la soif (parfois sincère) de l'hommage et l'aspiration aux dollars (toujours intacte) doivent faire qu'on s'entiche de la chose, qu'on s'attaque au laborieux labeur. Ou bien c'est à n'y plus rien comprendre.

WtL, aujourd'hui convoqué, enfile pas mal des poncifs craints du genre et ne vaut pas vraiment, quoiqu'on ait pu entendre, mieux que les autres (la preuve: tous ces prix récoltés de par le monde, quant bien même Reese est-elle assez touchante).
Au delà du trauma fondateur traqué et sans cesse rappelé (et ce jusqu'au dernier plan), il court ainsi plusieurs lièvres narratifs à la fois (histoire de se couvrir ?), sûr de sa légitimité et de son bon goût: l'histoire d'amour June Carter/Johnny Cash, la traversée médicamenteuse du chanteur, sa relation trouble et épique avec la chose pénitentiaire,... tout en voulant contextualiser artificiellement (anecdotes, noms familiers en arrière-plan à l'appui (les rockers décadents, de Jerry Lee Lewis à Elvis) et force cartons nous situant et dans l'espace américain et dans une chronologie (superflue)).
L'ambition en elle-même n'est pas un reproche, la constatation de sa stérilité au sortir des deux heures commence en revanche à en être un, d'autant que les ralentis signifiants et les tours de passe-passe de montage, sans abonder, finissent par être cependant convoqués, histoire de bien orienter le spectateur et lui indiquer quoi penser ou ressentir...
Facilités, ficelles, acting et symbolisme engoncé finissent alors par rattraper le tout et entraver l'affaire comme les chaînes des prisonniers de Folsom... qui a dit que les histoires vraies, au cinoche (fussent-elles prétendues intouchables), c'est toujours moche ?*

* pas Milos Forman, Todd Haynes
ou Gus Van Sant, en tous cas...
mais il sont les seuls à avoir raison !


Walk tge Line (USA/2004), de James Mangold
Sortie française: 15 février 2006



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