gorgé de thèmes où l'iconoclaste amusé le dispute sans relâche à un doux grinçant, à un désenchantement auquel seule une saine et salutaire ironie permet de survivre, en parfaite et surréaliste politesse du désespoir,
débordant de remarquables dialogues (singeant le lexique managérial autant que toutes les autres tech-langues) parmi les meilleurs entendus depuis un fameux bail (et dits de quelle manière !), eux-mêmes sertis dans un enchaînement faussement désinvolte de cadrages savamment décadrés et de gammes chromatiques à l'intensité tout aussi explicite - tandis que soutenus par une brochette de comédiens au délicieux diapason de l'univers inédit et de la curieuse manière (Darius, Anne Steffens, Alka Balbir et Lucien Jérôme en tête),
voilà un film fichtrement bien gaulé malgré ce qu'il prétend d'abord roublardement, élégant, audacieux, discrètement acide et ouvertement déconnant... sinistrement fendard en somme !, ... véritable électron libre, bien plus démocratique qu'on pourrait le croire de prime et dandyesque abord, qui trônera (jusqu'au prochain film de Forgeard ?) seul sur son rayon, tant il s'avère unique, original, indispensable (rien qui soit cependant synonyme d'"exclusif", de "branchouille" ou d'éxagérément "arty"):
amateur de singulier - mais pas pour autant contre une bonne poilade -,
spectateur feignant de n'être plus, depuis longtemps, concerné par le monde qui l'entoure, et gentleman à la "défraîcheur" feinte,
chasseur d'émotions autres que celles massivement houba-houbesques enfin,...
... vous trouverez assurément en Réussir sa Vie votre film 2012 !
Réussir à voir Réussir sa Vie risque même de devenir pour vous, comme il le fut pour moi, une indéboulonnable fin (du monde ?) en soi.
Et tant pis si après ça les cuisses vous chauffent !
Réussir sa Vie (France/2012), de Benoît Forgeard
Sortie française: 14 avril 2012