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Channel: ABORDAGES, le cinéma scandaleusement pris par la quille
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Le Septième Juré

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D'un ténébreux tout pré-Audiardien (les dialogues sont toutefois confiés au prévertiste Jean Laroche, qui aphorise peut-être un peu moins sa colère et son dégoût que notre Mimi national), d'une vibration quasi-Cayattiesque, d'un entomologique désespéré Simenon-like et d'un désenchanté à faire passer Mocky, Chabrol et Yanne pour de naïfs bonzes bienveillants, ce titre porté à bout de bras (dans tous les sens du terme) par un Bernard Blier méchamment impliqué (c'est son centième film et c'est lui qui a apporté le projet) relève de la pépite méconnue... aux particulièrement noirs et durables reflets.

Si loin de la tonalité qu'on a souhaité retenir de l'oeuvre de Lautner (des Tontons aux Sorciers dingues), le film en est tout à la fois si proche, de celle, plus profonde qui fait de Lautner Lautner.

Si proche formellement tout d'abord (des compositions de plans, des mouvements d'appareils, un sens du tempo plastique pour permettre au texte de s'y épanouir ou de vous exploser à la trogne) mais aussi et surtout parce que ce pessimisme amer qui règne dans Le Septième Juré a tout de même régulièrement traversé la filmographie de l'auteur de Mort d'un Pourri.*

En outre, et jamais très loin dans les thèmes du cinéaste, cette récurrente évocation (plus que profonde radiographie) d'une certaine société française mal à l'aise avec sa propre jeunesse (thème bientôt récurrent aussi dans le giallo italien), d'un choc générationnel sans répit ni apparente solution.
Un fil est en effet à tirer entre Le Septième Juré jusqu'à (au moins) Joyeuses Pâques (?), en passant par les très notables et très réussis Tontons Flingueurs, Ne Nous Fâchons Pas et autres Quelques Messieurs Trop Tranquilles. A chaque fois la vigueur de la jeune France yé-yéisé (dans Le Septième Juré on voit au détour d'un plan cette Une d'un journal fêtant la première année de triomphe de Johnny Hallyday) met la vieille garde et les notables locaux (de province voire de franche ruralité) dans des inconforts qu'ils peinent à dépasser.

Inutile d'ailleurs d'être un bourgeois pour être en rupture avec le tempo de la jeunesse vivante et insouciante: il suffit de voir la petite maffia des Tontons ne pas plus supporter le jerk des mômes que le pharmacien de Pontarlier. 
Sauf que dans le cas du Septième Juré, le pharmacien justement, identifie le malaise et en comprend, amèrement, tragiquement, la source. C'est ce qui en fait, entre autres choses talentueuses, un film méchamment, désespérément remarquable.


* on concédera que le dernier tiers (80's-90's) de l'oeuvre lautnerienne 
demeure embarrassant par tant de gâchis et de complaisances...

 


Le Septième Juré (France/1962), de Georges Lautner.
Sortie française: 18 avril 1962
Film disponible en version réstaurée (BR & DVD) chez
PATHE
depuis le 4 février

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